Wonder boys

de Curtis Hanson, 2000, ****

Quand on lit les cri­tiques, on ne sait que pen­ser : est-ce un chef-d’oeuvre ou un film inter­mi­nable où il ne se passe rien ?

En fait, les deux.

A cent lieues des films amé­ri­cains avec des héros héroïques et des scé­na­rios hale­tants, voi­là un film démo­ra­li­sé avec des héros pau­més, déjan­tés et dépres­sifs, où il ne se passe pas grand-chose…

« Vous nous avez dit qu’un écri­vain devait savoir faire des choix. Là, je sais pas… J’ai l’im­pres­sion que vous n’a­vez pas su faire de choix, que vous avez vou­lu tout mettre. »

Et voi­là com­ment un écri­vain tué par un pre­mier suc­cès arrive à plus de 1200 pages sans savoir com­ment finir son his­toire. Paradoxal, pour un pro­fes­seur de lit­té­ra­ture ? C’est jus­te­ment le pro­blème, sur­tout lorsque l’on enseigne à un pur génie, certes mania­co-dépres­sif, mais mani­fes­te­ment doué pour racon­ter des his­toires. Ajoutez à cela que votre femme vous quitte, que votre maî­tresse tombe enceinte et que l’é­tu­diante que vous logez vous drague, et vous êtes cer­tains d’ac­cu­mu­ler les clichés.

Et pour­tant… Filmé avec sobrié­té, mais effi­ca­ci­té, dans une ambiance morose par­fai­te­ment contrô­lée, avec d’ex­cel­lents acteurs (on le savait déjà pour Michael Douglas, Tobey McGuire est la révé­la­tion du film et Katie Holmes, éva­dée de Dawson, sur­prend) et un scé­na­rio dont l’o­ri­gi­na­li­té repose sur une mul­ti­tude de détails plus que sur la trame géné­rale, voi­là un film qui prend et qui tient.

Maintenant, si vous n’ai­mez pas les films inac­tifs, dépres­sifs, nos­tal­giques, si vous n’ai­mez pas la coun­try, si vous n’ai­mez pas les épaules menues de Norma Jean, alors, pas­sez votre che­min. Mais si vous êtes vous-même légè­re­ment mania­co-dépres­sif, vous vous atta­che­rez à cette bande de loo­sers désespérés.