Mystic river

de Clint Eastwood, ***

Bon, disons-le tout net : au rythme où il va, ce bon vieux Clint va finir par res­ter dans les mémoires comme un réa­li­sa­teur d’ex­cep­tion dont on dira comme on le dit de Tarantino : « Il a aus­si été acteur ».

Ce Mystic river n’est pas de la classe d’un Million dol­lar baby. Mais bon sang, y’a toute une marge entre le chef-d’œuvre et le nanar, et là, on est plus près du pre­mier que du second !

Le fort de Clint, c’est sa capa­ci­té à se faire oublier. On ne pense plus à la réa­li­sa­tion, effi­cace et dis­crète, ou alors par hasard au détour d’un plan par­ti­cu­liè­re­ment bien pho­to­gra­phié. On entre donc d’au­tant plus faci­le­ment dans un polar plu­tôt excellent, qui pro­gresse len­te­ment mais sans ennuyer (un peu comme le fai­sait, déjà, Impitoyable, le film où Clint a com­plé­té la ré-inven­tion du wes­tern enta­mée l’an­née pré­cé­dente par Kevin Costner et Danse avec les loups).

Comme tou­jours chez Clint, l’his­toire est plu­tôt raide. En résu­mant, on va dire que dans les années 70, Dave, un gamin de onze ans, se fait enle­ver sous les yeux de ses potes Jimmy et Sean. Quatre jours d’en­fer plus tard, il arrive à s’é­va­der. Trente ans plus tard, la fille de Jimmy se fait mas­sa­crer ; Sean, deve­nu flic, mène une enquête où il se rend compte rapi­de­ment que tout mène vers Dave…

L’ambiance est lourde, et c’est qua­si­ment un huis-clos à ciel ouvert que Clint nous pro­pose. Mais au pas­sage, dis­crè­te­ment et sans y pen­ser, Clint nous pose quelques ques­tions. La police fait-elle tou­jours son bou­lot effi­ca­ce­ment ? Peut-on faire jus­tice soi-même ? Ce qui traîne en sus­pens tout au long du film, fina­le­ment, ça pour­rait être : le monde de l’ins­pec­teur Harry est-il vivable ?

In fine, un très bon polar, gla­çant par moments, plu­tôt violent dans l’en­semble, mais qui vous fera pas­ser deux heures quinze de bon­heur frissonnant.