The professional (uncut version)

chef-d’œuvre épous­tou­flant de Luc Besson, 1994 révise 1996

Il y a une ten­dance amu­sante du ciné­ma : quand un film marche, on le reprend en rajou­tant des scènes cou­pées pour des rai­sons x ou y, com­mer­ciales ou artis­tiques. Résultat : j’a­dore aus­si Le grand bleu… en ver­sion ori­gi­nale. En effet, après avoir long­temps et avec suc­cès fait 2 h 12, Le grand bleu a été remon­té à 2 h 48, et là , c’est le drame : des lon­gueurs à n’en plus finir et un côté « inti­miste » ren­for­cé qui casse tota­le­ment le film. Idem pour Apocalypse now, dont la ver­sion ini­tiale en 2 h 33 avait une flui­di­té et un rythme que la Redux de 3 h 22 n’au­ra jamais.
Méfiance, donc, en appro­chant cette « uncut ver­sion » de Léon, ral­lon­gé de 1 h 50 à … 2 h 12. D’autant plus que j’ai ado­ré Léon, quand j’a­vais quinze ans comme à chaque fois que je l’ai revu.

Et bien, il semble que 2 h 12 soit la durée d’un bon Besson. En effet, aus­si éton­nant que ça puisse paraître, j’ai encore pré­fé­ré cette ver­sion longue à la ver­sion originale.

On connaît tous l’his­toire : Léon, tueur à gages un peu bas de pla­fond mais par­ti­cu­liè­re­ment soi­gneux dans son métier, se retrouve avec, sur les bras, Mathilda, la fille d’un voi­sin abat­tu pour une his­toire de drogue.

On connaît aus­si l’u­ni­vers glauque dans lequel se déroule cette his­toire, où le seul per­son­nage gen­til est abat­tu dès les pre­mières minutes (le petit frère de Mathilda) et où res­tent les assas­sins, les dea­lers et la vengeresse.

Mais mine de rien, on se rend compte en voyant cette ver­sion longue qu’on ne connais­sait pas Léon. Et les scènes rajou­tées per­mettent à ce cré­tin de prendre une dimen­sion tra­gique qu’il n’a­vait pas a prio­ri, notam­ment lorsque l’on sait com­ment il a débar­qué à New York. Le per­son­nage à qui la vie ne fai­sait pas de cadeau, c’é­tait Mathilda, qui per­dait sa famille (pas grave) et son p’tit frère, qui se fai­sait recueillir par un type dépour­vu de pas­sion et juste capable de tuer pro­pre­ment et qui finis­sait qua­si­ment dans les griffes d’un mafio­so. Mais là , on com­prend mieux pour­quoi, à la ques­tion : « Is life always that hard or is it just when you’re a kid ? », il répond : « Always like this. »

Et puis, il y a aus­si quelques détails qui, sans vrai­ment man­quer, donnent un nou­vel éclai­rage au film, comme le « ring trick » qui revê­ti­ra une impor­tance certaine…

Bref, pour une fois, une ver­sion longue vrai­ment très bien, et même meilleure qu’un film déjà vrai­ment très bon. (Il y a aus­si celle de Danse avec les loups, pour ceux qui aiment les films de… 3 h 56.)

(Bon, c’est pas tout, mais ça m’a don­né plein d’i­dées pour mon méca­ni­cien, moi… Can we try with real bul­lets now ?)

(NB : cette ver­sion, quoique sor­tie dans les salles fran­çaise en 96, n’est pas dis­po­nible en DVD en France. D’où les cita­tions en anglais. Sorry folks.)