De l’intérêt d’une chronopathologie

Ayé, chuis posé à Paris.

Le voyage a com­men­cé bizar­re­ment : en rai­son de la grève, le TER que je devais prendre de Die (12 h 13) à Lyon n’a fait que la moi­tié du voyage, après Valence. Il fal­lait donc arri­ver à Valence à temps pour sau­ter dedans, ce qui n’é­tait pas pos­sible puisque son bus de rem­pla­ce­ment par­tait en milieu d’après-midi.

Mais là, ma méthode habi­tuelle de ges­tion du temps a joué : arri­vée à la gare avec une bonne heure d’a­vance, le temps d’ap­prendre que mon train par­tait de Valence et plus de Die, j’ai pu sau­ter dans un bus du Conseil Géné­ral qui pas­sait par là. Bien sûr, outre les pas­sa­gers du train pré­cé­dent (annu­lé) et les autres maniaques dans mon genre du même train que moi, il y eut le ramas­sage sco­laire : bus bon­dé, son­ne­ries de télé­phone (“Ouais, ça y est, j’ai fini… Non, tu rentres à la mai­son… Moi, je vais voir Untel… Oui, ben je m’en fous s’y m’tue, j’vais pas l’es­quive tout la vie… Ouais ben au moins, comme ça c’est fait, quoi… J’m’en fous s’y m’tue…”) et gamine qui chiale (“J’aime pas par­tir en voyage avec toi”, la mère a dû appré­cier) en bonus.

Mais bon, du coup, j’ai pu arri­ver à Paris à l’heure prévue.

De pas­sage à Valence, pour récu­pé­rer mon train, je demande à l’agent de quai : “C’est bien celui-là qui n’est pas par­ti de Die et va à Part-Dieu ?” Pas plus éton­né que ça par la for­mu­la­tion alam­bi­quée de ma ques­tion, il répond : “Oui, c’est celui-là.” Ils ont du sang-froid, les agents de quai.

J’ai croi­sé ma pre­mière lec­trice de Biba entre Valence et Lyon (j’a­vais jamais vu quel­qu’un lire ce maga­zine pour de vrai), qui n’a pas mis à mal cer­tains pré­ju­gés : elle s’é­tait trom­pée de carte d’a­bon­ne­ment et, du coup, était en infrac­tion. Ça n’a pas fait rire la contrô­leuse, qui a été plus gen­tille avec moi qu’a­vec elle (elle a anno­té mon billet pour que je puisse me faire rem­bour­ser le tra­jet Die-Valence).

Ensuite, j’ai voya­gé à côté de trois malades en cos­tume qui ont sor­ti leurs ordi­na­teurs presque avant même d’être assis et ont com­men­cé à bos­ser cash, en dis­cu­tant beau­coup entre eux. Appa­rem­ment, leurs cal­culs avaient l’air com­pli­qués. Ceci étant, c’é­tait moins incon­for­table d’être là, bien ser­ré entre trois autres, à les entendre dis­cu­ter bou­lot que d’a­voir toute la place que je vou­lais dans mon wagon de TER avec la lec­trice de Biba : au moins, les TGV ont une cli­ma­ti­sa­tion qui fonc­tionne. C’est juste dom­mage de pas pou­voir ouvrir la fenêtre pour y balan­cer un ou deux télé­phones à l’occasion.

Enfin bon, ça y est : me voi­là Pari­got. J’ai pu obser­ver des auto­mo­bi­listes qui rentrent et sortent des par­kings dans des places qui font 10 cm de moins que leur voi­ture, et j’hé­site de plus en plus à y ame­ner le van un jour. Je com­mence à croire que c’est pas du tout rai­son­nable d’a­voir une voi­ture par ici : non seule­ment ça sert à rien, mais le risque de se la faire explo­ser même à l’ar­rêt semble bien réel. Et pas par les délin­quants chers à Jean-Pierre Pernault.

Pro­gramme du jour : cinoche, et éven­tuel­le­ment trou­ver une pis­cine. Pis flânerie.

Demain, bou­lot.