Paris, semaine 3

Mer­cre­di, pitite pro­me­nade en ban­lieue sud. Juste pour voir. D’ailleurs, je crois pas y retour­ner, pour ce que j’ai vu des choses pas­sion­nantes : Vitry, c’est limite glauque quand même. Chan­tiers, tra­vaux, et un centre com­mer­cial comme prin­ci­pale attraction…

En revanche, en remon­tant vers le Nord pour filer dans le XIIIè trou­ver une pis­cine ouverte, je suis tom­bé sur une paire de rails qui me disait quelque chose. Bien rouillés des­sus-des­sous. Avec des murs au milieu, des gares en ruines sur les côtés et des tags autour des gares.

En fait, j’a­vais déjà vu ces rails. Dans ce bou­quin de Chris­tin et Goet­zin­ger, qui est sans doute ce qu’ils ont fait de mieux ensemble.

Le plus con, que Chris­tin igno­rait tota­le­ment à l’é­poque où il décri­vait l’a­ban­don de cette ligne, c’est que la petite cein­ture non seule­ment existe tou­jours (sous la forme des lignes de bus PC), mais qu’on l’a recons­truite qua­si­ment à l’i­den­tique, à cin­quante mètres près : la ligne de tram T3 en reprend un gros bout au Sud de Paris, et devrait être pro­lon­gée sur l’Est.

On avait donc une voie nor­male à rails en T, en site propre, qu’il suf­fi­sait de réno­ver (un coup de pon­ceuse sur le des­sus du rail) et d’élec­tri­fier pour y faire cir­cu­ler un tram­way, qui a été dupli­quée dans une voie nor­male à rails en U, en bonne par­tie à niveau et donc sou­mise aux aléas de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile. J’ose pas ima­gi­ner ce que cette conne­rie a dû coû­ter, tout ça pour le plai­sir de faire un véhi­cule qui se mange un feu rouge tous les 200 m au lieu d’un qui peut rou­ler de bout en bout à son rythme.

Enfin si, j’i­ma­gine très bien : le faire pas­ser sur la petite cein­ture coû­tait 1,8 mil­liard de francs pour faire cir­cu­ler 17 000 per­sonnes à l’heure à 28 km/h de moyenne. Le sys­tème rete­nu dépas­sait les 2 mil­liards, trans­porte moins de 3 000 pas­sa­gers à l’heure et ne dépasse pas 20 km/h.

Seuls avan­tages de la voie de tram­way à part : elle faci­li­tait les cor­res­pon­dances avec les bus et sa construc­tion a été l’oc­ca­sion de réno­ver le quar­tier. C’é­tait pas du luxe et il reste du bou­lot. Par ailleurs, l’im­plan­ta­tion de deux voies de tram sur les Maré­chaux a fait râler les cais­seux pari­siens, ce qui en soi est une bonne nouvelle.

À part ça, le film de la semaine fut Deux jours à tuer, de Jean Becker. Au début, c’est pas loin d’être génial : un publi­ci­taire (Dupon­tel, impec­cable à son habi­tude) se réveille à la qua­ran­taine et décide d’être hon­nête. Il quitte son bou­lot, dit à ses amis (des connards pré­ten­tieux bour­rés de thune) que ce sont des connards pré­ten­tieux bour­rés de thune, à sa femme (épouse par­faite à qui on n’a abso­lu­ment rien à repro­cher, jus­te­ment) qu’elle l’emmerde et se barre.

Le pro­blème, c’est le retour­ne­ment final. On est très, très loin d’un Ame­ri­can Beau­ty. Ici, fina­le­ment (gros spoi­ler, si vous lisez, tant pis pour vous, venez pas vous plaindre), il s’a­vère que notre héros ne fuit pas ses col­lègues parce qu’il a réa­li­sé que ce sont des putes, ne plaque pas ses amis parce que ce sont des connards et ne quitte pas sa femme parce qu’elle l’emmerde. Non, s’il part, c’est parce qu’il a un can­cer et qu’il les aime trop pour leur impo­ser le spec­tacle de sa déchéance. Donc, ces putes, ces connards et cette trop-par­faite-un-peu-chiante, fina­le­ment, ce sont des gens qu’on aime et qu’on adore parce qu’ils sont for­mi­dables et on veut pas les faire souffrir.

Voi­là qui jus­ti­fie ample­ment qu’on foute une grosse bulle à ce navet, qui avait tout pour être un bon film (très bon par moments) jus­qu’à cette into­lé­rable niai­se­rie finale.

Éner­vé ? Oui, peut-être. J’aime pas être pris pour un imbé­cile par un scénariste.