Bons baisers de Bruges

de Martin McDonagh, 2008, ****

Raymond a plu­sieurs pro­blèmes. Le pre­mier, c’est qu’il est tueur à gages. Le second, c’est que son contrat a mal tour­né. Le troi­sième, c’est que son employeur, plu­tôt que de lui dire de se plan­quer à Coventry ou même Glasgow, l’a envoyé avec son confrère Ken à Bruges.

Bruges. C’est où ça ? En Belgique, il paraît. Tandis que le vieillis­sant Ken savoure l’his­toire et l’at­mo­sphère de la der­nière ville médié­vale d’outre-Quiévrain, Ray découvre son enfer du nord à lui : glauque, humide, avec rien à faire sinon déam­bu­ler dans les rues, boire des pintes de bière et essayer de trou­ver une Belge compatissante.

Bons bai­sers de Bruges n’est pas tota­le­ment inédit. Des tueurs qui doivent se plan­quer en atten­dant de faire quelque chose, on l’a déjà vu (ce fut même le sujet cen­tral d’un des meilleurs films jamais réa­li­sés par José Giovanni, Le rapace). Les rela­tions entre pro­fes­sion­nels de dif­fé­rentes géné­ra­tions aus­si. Quant aux his­toires d’a­mour entre un tueur et une jeune femme a prio­ri inno­cente, on en trouve des tonnes rien que dans le ciné­ma américain.

Pourtant, il fait mouche, pro­fi­tant d’un cadre excep­tion­nel, per­çu de manière tota­le­ment oppo­sée par les prin­ci­paux pro­ta­go­nistes, de lou­fo­que­ries bien pla­cées, d’ac­teurs irré­pro­chables, d’une réa­li­sa­tion un poil lym­pha­tique mais soi­gnée et de dia­logues en béton pour satis­faire son spectateur.

On rit, on s’a­muse, on pleure un peu aus­si… Un vrai bonheur.