Mais pourquoi je suis pote avec un emmerdeur pareil ?

Vous connais­sez Ghusse ? Non ?

Vous en avez, de la chance.

Parce que si vous le connais­siez, vous sau­riez que la vie est un défi per­ma­nent. Le prin­ci­pal défi : trou­ver chaque jour, que dis-je, chaque heure, un nou­veau défi à lan­cer à quelqu’un.

Évi­dem­ment, vous direz : “tu peux tou­jours lais­ser pis­ser”. Ouais. Vous avez pas l’es­prit sport-nat’, c’est tout. Si on met un ancien élève de cette sec­tion du lycée de Die au défi de déva­ler une pente pou­dreuse avec un ski en l’air, il essaie. Si on le met au défi de tra­ver­ser une rivière à 8 °C, il plonge (sur­tout s’il fait 40 °C à l’ombre). Si on le met au défi d’al­ler dans le dor­toir des filles (ou des gar­çons si c’est une élève), il le fait, même pas pour aller voir les filles mais juste pour sor­tir par la fenêtre et tra­ver­ser sur les toits. Et chaque fois que vous voyez Ghusse, vous voyez que c’est un vrai sport-nat’. Exemples récents :

– Le champ de pou­dreuse là ? Chuis sûr qu’on peut faire une belle trace… Tu passes devant ?

– Ouah la bosse là, trop belle. Tu sautes et t’é­cartes les jambes, je photographie.

– Le 5c, trop facile. Tu mets le bras droit dans le dos et t’ar­rêtes de pleu­rer, sinon je t’as­sure pas. Non, je te laisse pas redes­cendre non plus.

– Ouais, elle est mar­rante cette fis­sure tout en dévers. D’ailleurs, c’est ton tour.

– Meuh si, tu peux te for­cer à prendre une pho­to par jour et à la publier. Essaie, tu verras.

Voi­là où j’en suis. J’ai pas été sport-nat’, mais j’ai dû en fré­quen­ter un peu trop et finir par être contaminé.

J’ai fait des trous dans la pou­dreuse, très pro­fonds, les trous. Je me suis fait des bleus un peu par­tout parce que la neige est plus dure après la bosse qu’a­vant. Je me suis rui­né le bras gauche à essayer de me sor­tir d’une voie sans la main droite. J’ai failli mou­rir d’as­phyxie après cinq mètres dans une posi­tion où mes bras por­taient trois fois mon poids.

Je compte plus le nombre de fois où ce taré m’a envoyé au casse-pipe, sur le pré­texte que s’il peut le faire avec ses muscles de cou­reur de fond y’a pas de rai­son que j’y arrive pas avec mon bide de chocolatier.

Et voi­là qu’il se fout de ma gueule, au pré­texte que, je cite : “Herisson26 joue au timide et n’a pas encore répon­du, mais je suis sûr qu’il va finir par dire oui.

S’il conti­nue, je vais finir par lui rap­pe­ler que quand on a une copine, une situa­tion et un grand appart’, nor­ma­le­ment, on est cen­sé faire des gosses. Chiche ?