Paris, semaine 11

Hier, c’é­tait le Musée de l’air et de l’es­pace du Bour­get qui m’a occu­pé qua­si­ment toute la jour­née (enfin, le matin, c’é­tait les­sive + pape­rasse chez mon assu­reur + métro + bus, je suis arri­vé au MAE vers 13 h).

J’en ai rame­né plein de pho­tos tota­le­ment inin­té­res­santes (les avions étant régu­liè­re­ment encas­trés les uns dans les autres, il y a tou­jours plus d’élé­ments para­sites que de sujet…).

Je vous inflige juste celle-là pour l’exemple : mal­gré le cadrage ser­ré limi­té aux moteurs, on a des bouts de Lock­heed T‑33 Shoo­ting Star et F‑104 Star­figh­ter, de Boeing 747, de MiG 23 et d’A­riane 4. Tout cadrage un tant soit peu plus large aurait ajou­té des bouts de Saab Lan­sen ou de Das­sault Etan­dard IV par exemple…

(Au pas­sage, on avait cou­tume de dire “s’il est beau, il vole­ra bien”. Heu­reu­se­ment pour le Bré­guet Atlan­tic, l’in­verse n’est pas vrai : cette moche­té abso­lue était une réus­site technique.)

Y’a plein de choses inté­res­santes, comme un Mirage G08 expo­sé une aile pliée, l’autre ouverte, et un Jum­bo est visi­table, soi­gneu­se­ment décou­pé aux endroits utiles pour qu’on voit l’in­té­rieur du train ou l’a­mé­na­ge­ment des soutes. On est très, très loin de cela avec les Concorde : si le 001 pré­sente tou­jours un inté­rêt, on regrette l’ab­sence d’in­for­ma­tion sur les dif­fé­rents enre­gis­treurs embar­qués ; quant au 213, il est par­fait pour com­prendre à quel point j’ai eu de la chance de ne jamais voler à bord d’un de ces gros Mirage. En effet, l’exi­guï­té de la cabine est LE point remar­quable de ce taxi, et j’au­rais jamais tenu quatre heures dans un envi­ron­ne­ment aus­si serré.

En outre, on aurait appré­cié que la pas­se­relle per­mette de voir les nez des appa­reils dans de bonnes condi­tions : 001 avait un pare-brise très par­ti­cu­lier, très dif­fé­rent des appa­reils de série.

In fine, le MAE est bel et bien inté­res­sant, mais il souffre d’une sen­sa­tion de fou­toir, sans doute due à la volon­té de mon­trer un maxi­mum de choses dans un espace non-exten­sible. Il n’est donc pas pos­sible de faire un tra­jet simple : on est tout le temps en train de reve­nir sur ses pas, de véri­fier si on a raté quelque chose…

Il faut noter une vraie bonne idée dans le hall des héli­co­ptères : il y a un peu par­tout des écrans équi­pés de haut-par­leurs direc­tifs. On n’en­tend donc que quand on est en face de l’é­cran : cha­cun a sa bande-son sans déran­ger le voi­sin. Une vraie réus­site, avec des docu­ments inté­res­sants, notam­ment un docu­men­taire pas­sion­nant sur JBL, une Alouette III qui a volé 13 000 heures pour les secours en mon­tagne à Cha­mo­nix — et que j’ai vue de temps à autres dépo­ser des civières à l’hô­pi­tal Michal­lon, quand je fai­sais mes études à Grenoble.

Seul bémol : une espèce d’a­ni­ma­tion passe régu­liè­re­ment dans le hall, dans le genre publi­ci­té pour le Tigre pour ce que j’en ai vu, qui écrase le son de tous les écrans pré­ci­tés avec une musique digne d’un film de Bren­dan Fraser.

À pro­pos de cinoche, aujourd’­hui, c’é­tait le block­bus­ter de la semaine : Baby­lon A.D., de Mat­thieu Kas­so­vitz, d’a­près Mau­rice Dan­tec. Un film d’ac­tion, vrai­ment d’ac­tion, beau­coup plus creux que les fameux Métisse et sur­tout La haine… Kas­so­vitz nous fait du muscle (Vin Die­sel dans le rôle prin­ci­pal), du muscle et encore du muscle, avec par­fois des scènes d’ac­tion tota­le­ment illi­sibles à force de sty­li­sa­tion, et écorche à peine la sur­face de ce qui aurait pu être une bonne base de réflexion sur la nature humaine… Erreur plus gênante, sans doute, on peine à s’in­té­res­ser à Too­rop, qui manque un peu de pro­fon­deur — pour­tant, quelques allu­sions à son pas­sé tour­men­té auraient pu être pré­texte à l’é­tof­fer un peu.

Ceci étant, on ne s’en­nuie pas. Ça tourne comme une hor­loge de bout en bout. Et l’am­biance glauque est réus­sie, posée dès le début et main­te­nue avec constance. C’est peut-être jus­te­ment parce que rythme et ambiance sont par­fai­te­ment maî­tri­sés qu’on regrette autant l’ab­sence de fond.

Sinon, j’ai été voir tout à l’heure s’il y avait du monde aux Inva­lides. Y’en avait.

Inex­pli­ca­ble­ment, les gen­darmes et poli­ciers mobi­li­sés ont lais­sé la foule ren­trer jus­qu’au por­tail. Il a été, du coup, rigou­reu­se­ment impos­sible de la faire res­sor­tir pour lais­ser pas­ser des véhi­cules… Un bus est pas­sé avec des gens des deux côtés, cool. Orga­ni­sa­tion déplo­rable, manque d’an­ti­ci­pa­tion des évé­ne­ments, des défauts qu’un pion de col­lège apprend à cor­ri­ger sur son pre­mier mois de ser­vice à l’en­trée du réfectoire.

Dom­mage, pour un évé­ne­ment qui se vou­lait solen­nel. Ceci étant, féli­ci­ta­tions aux gosses en bleu qui, pen­dant que les gra­dés fai­saient les beaux avec notre pré­sident à nous qu’on a, ont dû gérer et cal­mer la foule et sont res­tés par­fai­te­ment calmes face à des injures que j’au­rais pas lais­sé pas­ser facilement…

Ah, sinon, j’ai vu l’a­gence de loca­tion et, nor­ma­le­ment, j’au­rai un appart d’i­ci la fin du mois — au pire le 1er sep­tembre. Ça appar­tient à un col­lègue de bou­lot : appa­rem­ment, c’est la seule solu­tion pour se loger à Paris.