Charonne, semaine 9

Bon, un peu en retard cette semaine. Pas trop eu des masses de temps hier, faut dire : j’é­tais au bureau pour filer notre der­nier bébé à Renaud. On publie mar­di, peut-être même sur Focus. Curieu­se­ment, il ne m’a pas tué alors que j’ai oublié le char­geur ici (tiens, si je le met­tais dans mon sac pour être sûr de pas l’ou­blier lun­di ? Voi­là, c’est fait, je savais bien que ces billets ser­vaient à quelque chose) et que je l’ai déjà pré­ve­nu qu’il a tenu à peine 248 pho­tos sur sa pre­mière charge… En-dehors de ce petit détail qui obli­ge­ra à gar­der une bat­te­rie dans la poche, le G1 est vrai­ment éton­nam­ment proche d’un reflex en termes de per­for­mances, tout en ayant l’en­com­bre­ment d’un bridge et les auto­ma­tismes pous­sés d’un compact.

Quant à avant-hier, j’é­tais au Carpe diem, un bis­trot de la rue des Halles qui dis­pose d’une salle d’ex­po­si­tion en sous-sol et où les Aero­fo­rums m’a­vaient indi­qué que s’i­nau­gu­re­rait une expo de pho­tos de bom­bar­diers d’eau. J’ar­rive, bon­jour, c’est bien là l’ex­po ? Oui, vous êtes ? Franck Mée. Enchan­té, Eul Fred.

Donc évi­dem­ment, tom­bant en vrai sur un type que je fré­quente occa­sion­nel­le­ment sur les Aero­fo­rums depuis pas mal de temps, et qui comme moi s’est tapé par­fois des recen­sions pour l’Ae­ro­bi­blio­thèque, et qui comme moi a une ten­dresse par­ti­cu­liè­re­ment pour les gens qui, plu­tôt qu’une car­rière tran­quille de navi­gant chez Air France, pré­fèrent ris­quer leur peau quo­ti­dien­ne­ment en étant payés au lance-pierres, enfin bref, il était minuit quand je suis res­sor­ti de là, après avoir ren­con­tré non seule­ment Eul Fred, mais aus­si une espèce de colosse en moto qui enseigne le pilo­tage au Bour­get en hiver et guide des Tra­cker depuis un Bron­co cali­for­nien en été, le manche dans les genoux et l’ap­pa­reil pho­to entre les dents.

Der­nière ren­contre mar­quante : le camem­bert grillé, spé­cia­li­té locale, au tarif éton­nam­ment doux (on est rue des Halles, c’est-à-dire le coin le plus cher de la ville la plus chère de France, un endroit où le demi de Hei­ne­ken tourne à 4,5 €).

Bref, les pho­tos sont sym­pas, les expo­sants aus­si, le tenan­cier aus­si, donc allez‑y, voi­là. Mais pré­voyez pas de ren­trer tôt.

Sinon, la jour­née de mer­cre­di a bien enten­du été mar­quée par l’é­lec­tion d’un jeune ora­teur au poste de maître du monde. Ah oui, il est aus­si métis, il paraît, mais j’es­père bien que c’est pas tout ce qu’on en retien­dra. Donc, une espèce de trots­kiste, selon les stan­dards locaux en tout cas, qui pense inter­dire aux cri­mi­nels de moins de 12 ans d’a­che­ter des fusils d’as­saut et veut encou­ra­ger les construc­teurs de voi­tures à réflé­chir à des modèles plus légers et moins gour­mands. Ce cryp­to-gau­chiste devrait sur­veiller ses arrières, les répu­bli­cains viennent de se ruer dans les armu­re­ries et plus d’un seraient heu­reux d’ac­cro­cher une tête de nègre natu­ra­li­sée au-des­sus de leur cheminée.

Enfin, côté cinoche, trois films sont pas­sés devant mes yeux. Same­di, Enfants de don Qui­chotte (acte 1), assem­blage hété­ro­clite et pas tou­jours très adroit de séquence fil­mées en vidéo, un peu trop à la gloire de l’im­pro­vi­sa­tion totale et de l’ab­sence de réflexion, mais pas for­cé­ment inin­té­res­sant sur le fond. La prin­ci­pale fai­blesse est le refus de toute mise en pers­pec­tive — c’est plus un car­net de route qu’un film, en fait –, qui pou­vait être une force du mou­ve­ment dont ça parle, mais ne passe pas au cinéma.

Mer­cre­di, l’i­né­vi­table Quan­tum of solace, pre­mier James Bond que je vois depuis, ouh là… Je crois bien avoir sau­té tous les Bros­nan, donc ça doit remon­ter à Per­mis de tuer. Et là, com­ment dire, le mot qui va bien, je l’ai sur le bout de la langue… Ah oui : décep­tion. Un film d’ac­tion d’une bana­li­té effa­rante, dépour­vu de ce petit truc bizarre qui fai­sait le charme désuet d’un 007 sauce Conne­ry, Moore ou Lazen­by, cet espèce d’hu­mour bri­tish déca­lé (“– Vous avez la désa­gréable habi­tude de sur­vivre. — C’est toute l’his­toire de ma vie.”), et ces petits gad­gets plus lou­foques les uns que les autres…

Là, j’ai eu l’im­pres­sion de voir La mémoire dans la peau, mais sans la quête d’i­den­ti­té de Jason Bourne — façon élé­gante de dire “sans la par­tie intéressante”.

Enfin, jeu­di, après une ins­tal­la­tion de Man­dri­va 2009 (petit bug gra­phique sous Intre­pid, et pas eu envie de creu­ser outre mesure étant don­né que la non-inté­gra­tion de Open Office 3 est déjà une sacrée décep­tion à mon goût, je repas­se­rai peut-être chez les déri­vés debia­ni­sés avec Jaun­ty), départ en catas­trophe en Velib pour essayer de voir Men­songes d’É­tat, un Rid­ley Scott qui pro­met d’être incon­tour­nable. Là, c’est le drame : trom­pé de ruelle dans le 11è, sans soleil pour m’o­rien­ter, je me retrouve conne­ment à Répu­blique alors que je visais les Halles.

Le temps de retrou­ver mes repères, c’est trop tard et je me rabats sur La très très grande entre­prise, comé­die qu’on attend assez vide, pré­vi­sible et pas fati­gante pour les neu­rones, et qui s’a­vère fina­le­ment tour­ner assez bien. Quelques bonnes idées de réa­li­sa­tion, comme les pré­sen­ta­tions des per­son­nages, un scé­na­rio qui ne se prend pas trop au sérieux, une équipe de bons acteurs qui font leur job sans cabo­ti­ner, et voi­là une petite comé­die qui, sans bou­le­ver­ser mon top 50 ciné­ma, m’a per­mis de pas­ser deux heures pas désagréables.