Charonne, semaine 20

La semaine a bien com­men­cé : j’ai cla­qué près de 1600 euros en me payant un ordi­na­teur. Écran mat, carte gra­phique digne de ce nom, you­pi. Il paraît qu’il a été livré ce matin, je sais pas, ma reli­gion m’in­ter­dit d’al­ler au bureau le week-end.

Sinon, j’ai aus­si décli­né le titre de chef des News sur Les­Nums, que le chef vou­lait don­ner à quel­qu’un his­toire que les étran­gers sachent à qui s’a­dres­ser d’une part, que les pigistes sachent à qui deman­der d’autre part. Y’a­vait des rai­sons pour que ce soit pas moi (genre, un type qui est là ni le mer­cre­di ni le jeu­di, comme contact pour l’ex­té­rieur, on fait mieux), et j’a­vais pas super envie non plus vu que je crains que l’ac­ti­vi­té news s’é­tende rapi­de­ment et devienne un pôle deman­dant une ges­tion chro­no­phage. C’est donc Flo­rence — qui fai­sait de toute manière la majo­ri­té des actus en semaine — qui s’y colle, ça devrait lui plaire.

Enfin, j’ai beau­coup ciné­ma­té : quatre films sinon rien. Enfin, quatre… Deux films et deux autres trucs qui pas­saient au cinéma.

Hier, ce fut donc tout d’a­bord Bren­dan et le secret de Kells, his­toire très chré­tienne d’un moi­nillon qui devient enlu­mi­neur. On pro­met vague­ment une his­toire fan­tas­tique à la Miya­za­ki, avec une forêt et une jeune fille à la Mono­noke, on se retrouve avec un ali­gne­ment de blagues qui tombent à plat et de pon­cifs reli­gieux assez éner­vants. D’au­tant plus dom­mage que les pas­sages dans la forêt sont, eux, très réus­sis, mys­té­rieux, pre­nants, amu­sants, beaux.

Ah, et au pas­sage, j’ai tou­jours eu du mal avec les cubistes.

Dans la fou­lée, Bel­la­my, polar intel­lo signé Cha­brol, qui ras­semble une liste d’ac­teurs longue comme le bras. Depar­dieu y excelle, Gam­blin est magni­fique dans trois simul­ta­nés, Gio­cante est superbe (dans tous les sens du terme), Cor­nillac est rien moins que ter­ri­fiant — il y a, je sais pas, quelque chose de cer­tains per­son­nages de Patrick Dewaere dans le sien, et j’aime à pen­ser que sa pres­ta­tion est à la hau­teur. Et y’a pire comme insulte.

En revanche, le film en lui-même… Scé­na­rio à la fois alam­bi­qué et pré­vi­sible, réa­li­sa­tion mono­tone et bavarde… C’est même pas vrai­ment mau­vais. C’est un peu comme les cham­pi­gnons de Paris : ça manque juste de goût.

Aujourd’­hui, ben, je crois que j’ai déjà dit une par­tie du bien que je pen­sais du nou­veau chef-d’œuvre ahu­ris­sant de Clint. Donc, je vais pas trop reve­nir des­sus. That’s just fuckin’ awe­some. Oui, des fois, je m’ex­clame en anglais dans ma tête après un film en VO. J’ai l’ha­bi­tude de railler les cré­tins qui nous parlent de “crise du siècle” pour la petite contrac­tion éco­no­mique des der­niers mois et les abru­tis qui qua­li­fient de “tem­pête de la décen­nie” celle de la semaine pas­sée, mais là, je pense que Clint vient de prendre une très sérieuse option sur le titre de film de l’an­née. Faire mieux, ce sera dur.

J’ai fini la jour­née avec The wrest­ler, de Dar­ren Aro­nof­ski (auteur du très remuant Requiem for a dream). Un film riche, le pen­dant du Rocky de John Avild­sen. Là où celui-ci chan­tait à qui vou­lait l’en­tendre le mérite de la per­sé­vé­rance dans une Amé­rique où tout était pos­sible à qui en avait la volon­té, celui-là pisse sur le rêve amé­ri­cain, la per­sé­vé­rance, le tra­vail et la fidé­li­té ne menant qu’à l’a­mer­tume et au dégoût. Je revien­drai pas sur la per­for­mance de Mickey Rourke (des cri­tiques plus hup­pés que moi se sont déjà liqué­fiés en ten­tant d’en par­ler), mais le côté déglin­gué, cra­do du film colle par­fai­te­ment à l’am­biance glauque de la sur­vie de cette gueule cas­sée, qui conti­nue le catch parce que, fina­le­ment, il ne sait faire que cela. Une grande réus­site, en tout cas.

Demain, retour au bou­lot, je vais prendre pos­ses­sion de mon ordi­na­teur, refu­ser le CLUF de Win­dows, for­ma­ter et tuxi­ser tout ça. Et demain soir, confé­rence à la salle des congrès de Nan­terre, où Richard Stall­man, gou­rou de la secte GNU (vous savez, ces tarés maniaques qui conchient Win­dows et Mac OS X, ces types qui pré­fèrent se taper une carte gra­phique Intel parce que Nvi­dia ne four­nit pas les sources de ses dri­vers, ces malades qui disent que Wine est nui­sible pour Linux puis­qu’il cor­res­pond à un mou­ve­ment qui n’o­blige pas à por­ter nati­ve­ment les logi­ciels), qui vien­dra nous par­ler de sa concep­tion du droit d’au­teur — ça risque d’être intéressant…