Terminator renaissance

de McG, 2009, ***

En 1985, James Cameron pon­dait Terminator1, film de science-fic­tion dans lequel un vilain robot autri­chien atta­quait une gen­tille amé­ri­caine pour la buter avant que son fils ne sauve l’hu­ma­ni­té — ah oui, parce qu’il venait du futur, c’est pour ça que c’é­tait de la science-fic­tion et pas de l’an­ti­ci­pa­tion. Deux suites assez ridi­cules sui­virent, Le juge­ment der­nier et Le sou­lè­ve­ment des machines, cette der­nière valant tout de même par un final explo­sif assez jouis­sif, mais dans les­quelles le côté SF / anti­ci­pa­tion noire du pre­mier opus lais­sait la place à de l’ac­tion tes­to­sté­ro­née — faut dire que Schwarzenegger, char­gé de cam­per le robot au départ, deve­nait le héros, ce qui posait quelques pro­blèmes en matière de finesse psychologique.

Près d’un quart de siècle a pas­sé, et arrive Renaissance, qua­trième volet de la série (oui, y’a des gens bizarres qui font les films dans l’ordre, tout le monde ne peut pas être George Lucas) et pre­mier à se dérou­ler entiè­re­ment après le sou­lè­ve­ment des machines, sans voyages tem­po­rels. Du coup, c’est plus du tout de la SF, juste de l’an­ti­ci­pa­tion post-apocalyptique…

Et là, ça devient très amu­sant. Parce que Renaissance mul­ti­plie les réfé­rences aux grandes œuvres du genre, et fina­le­ment est lar­ge­ment autant un hom­mage au Guerrier de la route (deuxième Mad Max, bande d’in­cultes), à Immortel ad vitam ou à Jeremiah (y’a même du Cliffhanger) qu’une suite de Terminator. Du coup, on se prend à cher­cher les clins d’œil plu­tôt qu’à s’in­té­res­ser à l’his­toire, assez stream­li­ned (comme disent les Bretons d’outre-Manche2) il faut l’avouer.

Donc, fina­le­ment, les acteurs font leur bou­lot de manière assez pré­vi­sible, le scé­na­riste fait son bou­lot de manière très pré­vi­sible, le réa­li­sa­teur fait son bou­lot de manière émi­nem­ment pré­vi­sible, et le film est, devi­nez quoi ? Toi au fond, là, qui fais sem­blant de pas écou­ter ? Sans sur­prise, bra­vo, un point pour le cancre du fond.

L’avantage, c’est que du coup, ça rem­plit le contrat à 100 % : on sait ce qu’on va voir, et on n’est pas déçu. Ça tourne comme une hor­loge avec tout juste un ou deux pas­sages où le direc­teur des effets spé­ciaux s’est un peu trop lâché.

On peut aus­si jouer à cher­cher les trucs pas pos­sibles, mais ce genre de film repo­sant (comme les wes­terns spa­ghet­tis récem­ment épin­glés pour ce tra­vers) sur le contrat : « je te diver­tis » vs « je te fais pas chier avec les inco­hé­rences », on va éviter.

Juste une pour la route : il existe des machines motos, pas de pro­blème. Qu’on puisse en faire tom­ber une et court-cir­cui­ter ses com­mandes pour avoir une moto à soi, pour­quoi pas (on appré­cie­ra l’hom­mage à Goose, per­son­nage de Mad Max). Qu’on conduise comme un taré ensuite, c’est nor­mal. Mais j’at­tends qu’on m’ex­plique d’où vient le bruit de rup­teur au pas­sage d’une vitesse : c’est utile quand c’est un humain qui pilote pour évi­ter de tout cas­ser par un sur-régime, mais si on fout dans une machine un cer­veau élec­tro­nique char­gé de la pilo­ter, c’est lui qui va gérer le régime ; le lais­ser taper dans un rup­teur serait plus fati­gant pour la méca­nique que de le pro­gram­mer pour allé­ger les gaz au pas­sage de rap­port, donc je vois pas des machines visant à domi­ner le monde s’a­mu­ser à col­ler un cer­veau mal pro­gram­mé et un rup­teur sur une moto, là où il suf­fit de bien programmer.

  1. Critique écrite plu­sieurs années après celle-ci.
  2. Désolé pour l’an­gli­cisme, mais y’a pas exac­te­ment de syno­nyme en fran­çais à ma connais­sance, ça serait l’an­to­nyme de « touffu ».