Tellement proches

de Eric Toledano et Olivier Nakache, 2009, **

Alain, ancien ani­ma­teur de Club Méd, n’a jamais réus­si à se rési­gner à être adulte. Or, sa femme attend impa­tiem­ment qu’il devienne une figure pater­nelle pour ses fils. Elle a un frère et une belle-sœur, par­fai­te­ment ins­tal­lés dans la réus­site bour­geoise de façade, qui élèvent leurs filles comme on dresse un ani­mal savant et n’hé­sitent pas à don­ner des conseils à tout le monde, et une sœur frus­trée et en mal d’en­fants qui, pour le repas de ce soir, a rame­né un interne en méde­cine trou­vé par hasard dans l’après-midi.

Tout ça mis ensemble, on a la recette par­faite du film cho­ral fami­lial à la fran­çaise — ou du télé­film France Télévisions, même si en l’oc­cur­rence c’est TF1 qui a co-pro­duit. Autant dire que nor­ma­le­ment, je suis pas cen­sé foutre les pieds dans une salle de ciné­ma pour un film de ce genre, et si un de mes col­lègues ne m’a­vait pas tan­né pen­dant une semaine en me répé­tant com­bien c’est génial, j’au­rais évi­té ça comme la peste.

Soyons hon­nête : il arrive qu’on rigole. Certains dia­logues sont par­ti­cu­liè­re­ment savou­reux, cer­taines répar­ties excel­lentes et le tout est mer­veilleu­se­ment ser­vi par un lot d’ac­teurs proches de la per­fec­tion — cha­cun dans son registre de pré­di­lec­tion, bien enten­du : ce n’est pas sur ce genre d’œuvres qu’on a l’ha­bi­tude de ten­ter des contre-emplois hasar­deux… vais me refaire Le convoyeur à l’oc­ca­sion, moi… Mais pour en reve­nir à nos mou­tons, il y a quelques excel­lentes scènes.

Mais voi­là, c’est trop. Juste trop. Juste comme les 42 télé­films iden­tiques pro­duits cette année en France. Situations trop absurdes, rebon­dis­se­ments trop pré­vi­sibles, scé­na­rio trop conve­nu, et bons sen­ti­ments beau­coup trop pré­sents. Or, si cer­tains styles reposent sur des conven­tions immuables — les duels de wes­tern, les couples emmerdeur/emmerdé, etc. –, ce concept-ci néces­site des tré­sors d’in­ven­tion pour ne pas avoir la simple impres­sion de revoir votre der­nier Noël en famille.

Et pour ma part, si mon der­nier Noël en famille remonte à l’an 2000, c’est pas pour aller retrou­ver un lot de tarés du même style au cinéma.

(Ceci dit, je veux bien admettre que cer­taines scènes qui m’ont affli­gé ou don­né envie de vomir parce que je les avais déjà vécues aient pu faire mar­rer ceux qui ne font qu’i­ma­gi­ner ce que c’est.)