L’attaque du métro 123

de Tony Scott, 2009, O

Y’a des fois, on va voir un film presque par hasard parce que « tiens, pour­quoi pas un polar ? ». On entre dans la salle, le géné­rique débute, et là, on voit un nom : Tony Scott. Frère de Ridley. Qui démontre qu’une famille don­née a un quo­ta de talent : deux frères moyens en tout, un pas doué en maths l’autre pas doué en anglais, mais pas deux génies. En l’oc­cur­rence, pour ce qui est du ciné­ma, com­ment dire… Ridley nous a gra­ti­fiés du Huitième pas­sa­ger, de Blade run­ner ou de Mensonges d’État, Tony a four­ni Top gun et Jours de tonerre.

Cette année, dans son manuel du pho­to­graphe, au cha­pitre XIII (inti­tu­lé « Quitte ou double : les trucs à uti­li­ser avec modé­ra­tion »), il a décou­vert la pose longue et l’ex­plo­zoom. Et comme d’ha­bi­tude lors­qu’il avance d’un cha­pitre dans cet ouvrage, il a uti­li­sé ces effets jus­qu’à la nau­sée — si vous vous deman­diez si c’est une bonne idée, des explo­zooms en pose longue au ciné­ma, c’est le film idéal pour que vous com­pre­niez pour­quoi per­sonne l’a­vait fait avant.

En prime, on a un Travolta plus shoo­té que jamais, un scé­na­rio qui a choi­si de rem­pla­cer l’as­tuce (pour­tant, il y avait matière) par l’in­vec­tive gros­sière (le mot le plus fré­quent dans l’en­semble du film doit être « mother­fu­cker », loin devait « the » ou « I »), et quand Tony arrête de jouer avec le bou­ton de la vitesse d’ob­tu­ra­tion et la com­mande de zoom, il nous pond des plans banals qu’il sur-sature pour com­pen­ser son absence de talent.

Alors bien sûr, Denzel Washington est très bon, John Turturro impec­cable, et le mon­tage suf­fi­sam­ment ner­veux pour faire pas­ser un clip de hea­vy metal pour une bluette chlo­ro­for­mée. Le sou­cis, c’est qu’un duo d’ac­teurs et un chef mon­teur, ça suf­fit pas pour faire un film.