(500) jours ensemble

de Marc Webb, 2009, ****

« Boy meets girl. Boy falls in love. Girl doesn’t. »

Désolé d’at­ta­quer par une « tagline » anglaise, mais ayant per­du le droit de réa­li­ser des miracles depuis que j’ai plus la gueule de Jésus, je ne sau­rais mieux résu­mer ce petit OVNI ciné­ma­to­gra­phique automnal.

C’est donc l’his­toire des 500 jours de la rela­tion entre Tom et Summer — d’où le titre ori­gi­nal, (500) days of Summer, avec un jeu de mots intra­dui­sible à l’in­té­rieur. Tom est un rêveur roman­tique qui cherche l’a­mour, et il buggue sur le sou­rire, les tâches de rous­seur et les beaux yeux d’une col­lègue fraî­che­ment embau­chée, laquelle croit pour sa part aux his­toires de cul et à l’a­mu­se­ment entre potes mais cer­tai­ne­ment pas aux rela­tions sentimentales¹.

Attention, ce film est dan­ge­reux. Si vous faites par­tie des cré­tins qui croient aux his­toires d’a­mour, le « this is not a love sto­ry » énon­cé dans les pre­mières minutes devrait vous convaincre de sor­tir de la salle à temps : votre monde risque de s’ef­fon­drer avec un natu­rel hila­rant ou ter­ri­fiant. Car pré­ci­sé­ment, (500) jours ensemble n’est pas une his­toire d’a­mour, c’est l’his­toire d’a­mour. La vraie, la seule, celle où les gen­tils ramassent leurs dents éta­lées sur le par­quet pen­dant qu’une cruche sans cœur leur balance un « you’re still my best friend », à cent lieues des bluettes amé­ri­caines où tout se ter­mine bien parce que quand on aime vrai­ment rien n’est impos­sible et il suf­fit d’y croire et gnagnagna.

En même temps, (500) jours ensemble est sou­vent hila­rant, réso­lu­ment et ter­ri­ble­ment natu­rel, dépour­vu de toute cari­ca­ture, pro­po­sant par­fois de vraies trou­vailles de mise en scène, une nar­ra­tion impec­cable, une bande-son d’ex­cel­lente fac­ture, un tour d’ho­ri­zon réa­liste, cynique et désa­bu­sé du concept de rela­tion sen­ti­men­tale… et sur­tout des acteurs au-delà de la per­fec­tion. Joseph Gordon-Levitt est abso­lu­ment impec­cable, vrai, tou­chant, pathé­tique sans excès, et si vous n’é­tiez pas amou­reux de Zooey Deschanel², ça devrait arri­ver — quoique vous pour­riez aus­si la détes­ter, en fait. Globalement, la dis­tri­bu­tion est impec­cable au point que même les amis de Tom, qui seraient faci­le­ment deve­nus cari­ca­tu­raux et lour­dingues étant don­nées leurs répliques, sont juste légè­re­ment déjan­tés comme les amis de tout un chacun.

In fine, c’est un film tou­chant, extrê­me­ment réus­si, fin et élé­gant, drôle et pathé­tique, et qui évite le côté mora­li­sa­teur que prend sou­vent ce genre d’his­toires. Bref, allez le voir.

¹ Toute res­sem­blance avec des billets récents du pré­sent blog expli­que­rait pour­quoi j’ai trou­vé ce film extra­or­di­naire. Surtout la pre­mière phrase à l’écran.

² Déjà citée dans ces colonnes pour avoir réus­si à rendre Phénomènes inté­res­sant, en don­nant corps à son per­son­nage pen­dant que Shyamalan enchaî­nait les scènes de daube pré­vi­sible avec l’é­lé­gance de Bernadette Chirac.