Possible prix Busiris pour Rama Yade ?

N’ayant pas le plai­sir de faire par­tie de la pres­ti­gieuse Aca­dé­mie des prix Busi­ris, je ne puis que mettre un point d’in­ter­ro­ga­tion à mon titre ci-des­sus. Néan­moins, je sou­haite sou­mettre la can­di­da­ture de notre secré­taire d’É­tat char­gée des sports à l’illustre Aca­dé­mie pré­si­dée par Maître Eolas.

Pour ceux qui ne suivent pas l’ex­cellent blog de cet indi­vi­du, rap­pe­lons que le prix Busi­ris “récom­pense une affir­ma­tion juri­di­que­ment aber­rante, si pos­sible contra­dic­toire, tein­tée de mau­vaise foi et mue par l’op­por­tu­ni­té poli­tique plus que par le res­pect du droit”.

Les pro­pos que je sou­haite sou­mettre à l’A­ca­dé­mie, tenus dans le jour­nal de 20 h dif­fu­sé sur France 2 ce jour, sont les suivants :

[Les joueurs de l’é­quipe de France de foot­ball] n’é­taient pas que des foot­bal­leurs ; ils étaient des ambas­sa­deurs de leur pays.

Je vous passe la suite, qui est du même ton­neau, même s’il m’a sem­blé entendre éle­ver le maillot qu’ils por­taient au rang de sym­bole national.

Pré­ci­sons tout de suite que le motif facul­ta­tif de contra­dic­tion ne me paraît pas avé­ré et ne sera donc pas traité.

Concer­nant l’af­fir­ma­tion juri­di­que­ment aber­rante, il s’a­git d’at­tri­buer à des indi­vi­dus un sta­tut offi­ciel (une “digni­té”, qui plus est) qu’il n’ont pas. Les ambas­sa­deurs sont nom­més par le Pré­sident de la Répu­blique en conseil des ministres, nous dit le décret n° 69–222 rela­tif au sta­tut des agents diplo­ma­tiques et consulaires.

Pour leur part, les joueurs de l’é­quipe de France de foot­ball sont “sélec­tion­nés” (joli mot qui ren­voie plus à l’é­le­vage de bétail de race qu’à l’emploi d’êtres humains, mais pas­sons) par la per­sonne titu­laire du poste de sélec­tion­neur de l’é­quipe de France de foot­ball, nom­mée à ce poste par les ins­tances diri­geantes de la Fédé­ra­tion fran­çaise de foot­ball. Vous n’a­vez pas vu “Pré­sident de la Répu­blique” dans cette phrase ? Cher­chez bien. Tou­jours pas ? C’est peut-être parce qu’il n’y est pas.

Non, les joueurs de foot­ball ne sont pas ambas­sa­deurs de France. Ils sont joueurs de foot­ball et repré­sentent avant tout l’é­quipe qu’ils consti­tuent ; dans une moindre mesure, la Fédé­ra­tion fran­çaise de foot­ball et, dans une optique plus géné­rale, les clubs de foot­ball affi­liés à celle-ci et leurs membres. Rien d’autre.

Concer­nant la mau­vaise foi, il est dif­fi­cile d’i­ma­gi­ner d’une diplô­mée de l’Ins­ti­tut d’é­tudes poli­tiques de Paris, qui plus est membre du gou­ver­ne­ment depuis trois ans, qu’elle ignore le mode de nomi­na­tion des ambassadeurs.

Concer­nant enfin le motif d’op­por­tu­ni­té poli­tique, je ne puis avan­cer qu’une pré­somp­tion, basée sur le fait que Mme Yade est dans tous les médias depuis quelques jours, accu­sée d’a­voir cri­ti­qué à tort et à tra­vers l’hé­ber­ge­ment des joueurs de l’é­quipe de la Fédé­ra­tion fran­çaise de foot­ball tout en menant elle-même grand train. La secré­taire d’É­tat peut ain­si faire par­ler d’une faute sup­po­sée plus impor­tante (voire retour­ner les accu­sa­tions contre elle por­tées d’un inélé­gant pas pas immé­ri­té “je vous l’a­vais bien dit que c’é­taient des branques”) pour mieux détour­ner les cri­tiques de sa propre personne.

Concluant ici la pré­sen­ta­tion de mes conclu­sions per­son­nelles, je laisse à la Com­mis­sion le soin de débattre serei­ne­ment et de déci­der si Mme Yade mérite l’at­tri­bu­tion d’un prix, qui serait pour elle une récom­pense inédite.