Cleveland contre Wall Street

de Jean-Stephane Bron, 2010, ***

La ville de Cleveland, Ohio, a eu il y a deux ans une idée amu­sante : pour­suivre en jus­tice vingt-et-une banques, res­pon­sables selon elle des mil­lions de dol­lars annuels que la muni­ci­pa­li­té a dû dépen­ser pour gérer la délin­quance et l’in­sa­lu­bri­té dans les quar­tiers dévas­tés par la crise des sub­primes. Le pro­cès n’a pas encore eu lieu et les pour­suites risquent de ne jamais abou­tir, mais le ciné­ma offre une échap­pa­toire : avec de vrais juges, de vrais avo­cats, des jurés sélec­tion­nés par­mi la popu­la­tion et les témoins et repré­sen­tants qui ont accep­té de jouer le jeu, il a été reconstitué.

Première par­tie chiante et lar­moyante avec des gens peu édu­qués qui expliquent com­ment un type en cos­tard est arri­vé chez eux et leur a expli­qué qu’ils pou­vaient avoir un cré­dit hypo­thé­caire pour ache­ter une mai­son au-des­sus de leurs moyens, pour­quoi ils lui ont fait confiance et com­ment ils se sont retrou­vés à la rue avec des traites impayables.

Deuxième par­tie bien plus inté­res­sante, quand le pro­cès remonte l’en­chaî­ne­ment des évé­ne­ments et des res­pon­sa­bi­li­tés pour voir dans quelle mesure les banques sont res­pon­sables de la situa­tion pour­rave de Cleveland. Ici, ça cause finance et faut par­fois s’ac­cro­cher, mais ça devient un vrai docu­men­taire qui explique bien com­ment le sys­tème des cré­dits sub­primes s’est éten­du, sur quelle base éthique il repose et com­ment l’ef­fon­dre­ment était non seule­ment pré­vi­sible, mais logique et inévitable.

Dans l’en­semble, un film à voir impé­ra­ti­ve­ment, mais plus pour le docu­ment que pour le cinéma…