Somewhere

de Sofia Coppola, 2010, ***

On peut être un acteur, blin­dé de suc­cès et d’argent, rou­ler en Modena, se taper les plus belles filles de la pla­nète, et se faire fou­tre­ment chier. Et décou­vrir que fina­le­ment, la tour­née des grands ducs aux frais des boîtes de prod”, c’est plus mar­rant avec sa fille de 11 ans — qu’on voit d’ha­bi­tude un week-end de temps en temps, mais qu’il va fal­loir assu­mer pen­dant l’ab­sence de sa mère.

Alors voi­là, c’est du Coppola fille. On voit bien la filia­tion avec Virgin sui­cides et, sur­tout, Lost in trans­la­tion : le per­son­nage pau­mé qui cherche déses­pé­ré­ment une dis­trac­tion, le mon­tage lent et contem­pla­tif, le soin appor­té aux petits détails… et la façon dont les faux-sem­blants explosent bru­ta­le­ment, dans une paire de scènes pré­vi­sibles et néan­moins surprenantes.

Difficile donc de par­ler de ce che­mi­ne­ment inté­rieur d’un ado­les­cent attar­dé, dont la fille est logi­que­ment plus mûre que lui, et qui va devoir com­po­ser avec cet élé­ment fémi­nin qu’il ne peut igno­rer — au contraire des aspi­rantes actrices, des dan­seuses, des fans diverses qu’il oublie au quo­ti­dien et ne réap­pa­raissent que pour lui deman­der où il avait dis­pa­ru, sa fille est là et s’en débar­ras­ser est hors du domaine des possibles.

Alors voi­là, c’est pro­fon­dé­ment mou, le pro­pos géné­ral peut paraître ter­ri­ble­ment sim­pliste, mais ça fonc­tionne au final plu­tôt bien.

Un peu comme Lost in trans­la­tion, oui.