Carancho

de Pablo Trapero, 2010, ****

Le « caran­cho », ou cara­ca­ra hup­pé, est un petit fal­co­ni­dé cha­ro­gnard connu pour son oppor­tu­nisme. C’est aus­si, par ana­lo­gie, le sur­nom de ceux qui font pro­fes­sion de démar­cher les vic­times d’ac­ci­dents, leur obte­nant des assu­rances des indem­ni­tés qu’elles n’au­raient jamais eues seules… et s’en met­tant l’es­sen­tiel dans la poche au passage.

Pour trou­ver des proies, un « caran­cho » n’a pas mille solu­tions. La plus simple : squat­ter les abords de l’hô­pi­tal pour suivre les ambu­lances appe­lées sur les acci­dents rou­tiers. C’est là que l’un d’eux croise une urgen­tiste et, comme tous les quin­qua­gé­naires qui s’ac­crochent à une tren­te­naire, tente de se reprendre en mains en s’é­loi­gnant de la mafia locale. Deux gueules cas­sées (il était avo­cat et, après une radia­tion jamais expli­quée, se retrouve à démar­cher des pauvres pour leur piquer 80 % de leurs indem­ni­tés d’as­su­rances ; elle a com­men­cé à se shoo­ter à la fac et ne peut plus se pas­ser de ses fix quo­ti­diens), pas fon­ciè­re­ment méchantes mais pas non plus irré­pro­chables, qui vont essayer de s’en sor­tir entre méde­cine, escro­que­rie et arnaque à l’assurance.

C’est un bon petit polar, bien noir comme on les aime — et c’est pas la musique qui va vous remon­ter le moral : y’en a pas. C’est plu­tôt bien tour­né, bien joué, et si le démar­rage est sou­vent un peu simple et pré­vi­sible, le film décolle après une demi-heure pour se plon­ger dans un quo­ti­dien dégueu­lasse à l’am­biance pesante. Et comme Buenos Aires est une ville assez vio­lente, le film l’est aus­si, sans voyeu­risme mais sans détour.

On ne peut pas par­ler de la fin, mais disons sim­ple­ment que quand je me dis dix secondes avant « là, si le réa­li­sa­teur a des couilles, il va se pas­ser ça et ça va cou­per », et que c’est exac­te­ment ce qu’il se pro­duit, je la trouve réussie.

Donc, au glo­bal, cette ver­sion trash et, mine de rien, assez poli­tique (une ville com­plète où l’es­cro­que­rie est le mode de vie nor­mal des avo­cats…) de Urgences est très recommandable.

En revanche, je confirme : l’es­pa­gnol ver­sion argen­tine, j’ai du mal. Le mexi­cain est assez com­pré­hen­sible, l’es­pa­gnol aus­si, mais l’argentin… ><