Largo Winch II

de Jérôme Salle, 2010, **

Milliardaire, play-boy tren­te­naire, globe-trot­ter, par­fois même ermite : Largo Winch, per­son­nage de Jean van Hamme.

Deuxième épi­sode ciné­ma­to­gra­phique, avec en vrac un com­plot inter­na­tio­nal visant à voler le groupe W du gen­til Largo, des mer­ce­naires ven­geurs, du mas­sacre d’in­no­cents Birmans par un groupe minier, des comptes suisses secrets, de la jus­tice inter­na­tio­nale, des Audi qui glissent, un per­son­nage ridi­cu­le­ment ampou­lé sujet au mal des trans­ports, une pro­cu­reure quin­qua­gé­naire qui se tape­rait bien quelques play-boys tren­te­naires, un fils caché, deux fils cachés, une Birmane trop jolie, un globe-trot­ter mal embou­ché qui perd au poker, un finan­cier russe mal éle­vé, un vieux qui se ven­ge­ra jus­qu’à son der­nier souffle, un géné­ral corrompu…

En vrac, oui, vrai­ment, c’est le terme qui convient. Inutile de cher­cher une logique ou une ori­gi­na­li­té : Largo Winch II, c’est Tireur d’é­lite, Hots shots 2, La plage, Fast and furious, voire Les bron­zés (si si, le plon­geon dans la pis­cine de l’hô­tel)… C’est même, mais en très allé­gé parce qu’il faut que les ama­teurs de films d’ac­tion com­prennent, Wall street — ici, la finance est extrê­me­ment sim­pli­fiée par rap­port à la B.D. ori­gi­nale. Quant au sce­na­rio, s’il pioche à droite et à gauche (conflit de géné­ra­tions, com­plots, indé­fec­tible ami qui tra­hit à la fin, méchants très méchants qui prennent d’in­no­centes jeunes femmes en otages, tout ça…), il ne s’embarrasse ni de vrai­sem­blance, ni de profondeur.

Là-dedans, on va quand même appré­cier deux ou trois choses. Primo, c’est tour­né dans de vraies langues — fran­çais, anglais, russe et une asia­tique mais à l’o­reille je fais pas la dif­fé­rence entre bir­man, thaï et consorts. Secondo, les acteurs font bien leur bou­lot, cabo­ti­nant un peu par­fois (en par­ti­cu­lier Nicolas Vaude, qui campe il est vrai un per­son­nage rêvé pour cabo­ti­ner), et Sharon Stone est sur­pre­nante à mi-che­min entre la psy­cho­ri­gide cas­tra­trice et la cro­queuse qui se rêve encore jeune et sexy. Tertio, Stan Collet nous pro­pose un mon­tage ner­veux (épi­lep­tique même dans les scènes d’ac­tion) et effi­cace, qui fait un peu pas­ser la mono­to­nie pré­vi­sible du sce­na­rio, et Denis Rouden se fait plai­sir avec quelques plans soi­gnés — même si c’est beau­coup plus ponc­tuel que dans 36 quai des orfèvres, dont il avait éga­le­ment diri­gé la photo.

Au final, il faut donc recon­naître qu’on ne s’en­nuie pas vrai­ment, même si c’est sou­vent trop « trop » et qu’on sent bien pas­ser les grosses ficelles. Pour un abon­né illi­mi­té qui ne sait pas quoi faire dans un week-end vide entre Black Swan et True grit, ça ne mange pas de pain.