Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence

de Rob Marshall, 2011, ***

Des fois, on va voir un bon gros block­bus­ter en se disant qu’à défaut de pas­sion­ner, ça per­met­tra de pen­ser à autre chose. Dans ces cas-là, un bon gros Johnny Depp avec Penélope Cruz, un scé­na­rio léger mais du spec­tacle qui pète, ça paraît parfait.

Faut l’ad­mettre : à la base, La fon­taine de jou­vence est exac­te­ment ce qu’on en atten­drait si on avait vu les trois épi­sodes pré­cé­dents (je crois que je connais que les deux pre­miers, mais bon) : beau­coup de spec­tacle, un peu de gore, du cabo­ti­nage comme on n’en voyait que chez Belmondo et Willis… et du Hans Zimmer qui se contente de varier pré­vi­si­ble­ment les « gim­micks » des pré­cé­dents opus, ce qui a au moins le mérite de ne pas enva­hir le film.

C’est donc en prin­cipe très dis­trayant, même si mieux vaut éva­cuer la ques­tion de la cré­di­bi­li­té du scé­na­rio (du quoi ?).

En prin­cipe, parce qu’il y a un pro­blème : la stéréoscopie.

Non pas qu’elle soit tota­le­ment ratée. En fait, il y a une incer­ti­tude sur le maté­riel uti­li­sé (cer­taines sources indiquent un tour­nage sté­réo­sco­pique, mais IMDB indique un tour­nage sur Red One et une conver­sion a pos­te­rio­ri), et j’ai du mal à être tota­le­ment affir­ma­tif : cer­taines scènes font un peu théâtre de papier, effet typique des conver­sions, mais les gros plans de visages ont clai­re­ment un relief du nez bien sépa­ré du reste et je n’ai pas noté de membres qui n’a­vaient pas la bonne pro­fon­deur. Autrement dit, soit c’est de la sté­réo avec quelques acci­dents, soit c’est la meilleure conver­sion jamais vue — soit, peut-être, cer­taines scènes ont été faites avec une tech­no­lo­gie et d’autres avec une autre…

En revanche, j’ai clai­re­ment l’im­pres­sion que l’é­ta­lon­nage n’en a pas tenu compte : La fon­taine de jou­vence est sombre. Les pré­cé­dents films de la série l’é­taient aus­si, mais là, c’é­tait pire. Et même après avoir gar­dé les lunettes un moment, j’a­vais l’im­pres­sion que l’i­mage était exces­si­ve­ment froide.

Or, c’est un effet connu des lunettes Xpand : elles font perdre de la lumi­no­si­té et ver­dissent l’i­mage. Pour bien faire, il convient donc de réa­li­ser un éta­lon­nage légè­re­ment sur­ex­po­sé et for­te­ment jau­ni. Là, j’a­vais en reti­rant les lunettes l’im­pres­sion d’une image nor­male, et en les met­tant celle d’une pho­to ver­dâtre et sous-expo­sée. Dommage, car du coup il n’est pas pos­sible d’ap­pré­cier le bou­lot du pho­to­graphe (Dariusz Wolski, qui avait notam­ment pho­to­gra­phié Dark city et The Crow, et n’a donc rien à prou­ver en matière d’am­biance noires).