La pensée du jour

C’est un petit paradoxe.

Nous n’a­vons jamais vécu aus­si long­temps. Chaque année, en France, moins d’une per­sonne sur cent décède, alors même qu’un taux de mor­ta­li­té infé­rieur à 2 % par an est un phé­no­mène extrê­me­ment récent à l’é­chelle de l’hu­ma­ni­té — quelques siècles, tout au plus. Corol­laire : un Fran­çais né aujourd’­hui a une espé­rance de vie de presque 81 ans, alors que dépas­ser cin­quante ans vous fai­sait trai­ter de vieux il y a encore deux siècles.

Pour­tant, j’ai l’im­pres­sion que nous n’a­vons jamais eu aus­si peur de la mort. Il y a cent ans, il fal­lait pour faire pani­quer un conti­nent une épi­dé­mie de grippe cau­sant plu­sieurs mil­lions de morts ; aujourd’­hui, il suf­fit d’une tren­taine de vic­times d’in­toxi­ca­tion ali­men­taire, et une cen­taine de grip­pés font regar­der tous les oiseaux com­men­saux comme dans un film hitchcockien.

Je crois que ça a un nom : la paranoïa.

C’é­tait la pen­sée du jour. En même temps, dans un monde fonc­tion­nant sur la peur, c’est un peu normal.