Richard et Steve

Tout le web, enfin, celui des geeks, ne parle que de ça : la sor­tie de Richard Stall­man, pré­sident de la Free Soft­ware Foun­da­tion, sur la mort de Steve Jobs.

Steve Jobs, le pion­nier de l’or­di­na­teur vu comme une pri­son cool, conçu pour pri­ver les idiots de leur liber­té, est mort. […] Per­sonne ne mérite de devoir mou­rir — pas Jobs, pas M. Bill, pas même des gens cou­pables de crimes plus graves que les leurs. Mais nous méri­tons tous la fin de l’in­fluence maligne de Jobs sur l’in­for­ma­tique des gens.

Beau­coup dis­sertent sur le sujet, saluent le cou­rage de Stall­man de ne pas par­ti­ci­per à l’hy­po­cri­sie ambiante (les pires enne­mis de Jobs ont pas­sé ces dix der­niers jours à louer sa vision et sa volon­té) ou attaquent son manque de pudeur et de res­pect, voire remettent en pers­pec­tive sa com­pa­rai­son avec l’an­cienne famille régnante de Chicago.

Per­so, j’ai juste une petite remarque à faire.

Stall­man, c’est le type qui répète en boucle depuis trente ans que mieux vaut un ordi­na­teur qui ne fonc­tionne pas qu’un ordi­na­teur qui fonc­tionne avec ne serait-ce qu’une ligne de code de logi­ciel pro­prié­taire. Le type qui prêche que per­sonne ne peut accep­ter un pilote gra­phique dis­tri­bué sans les sources, même s’il fonc­tionne mieux que les pilotes libres (en l’oc­cur­rence, c’est pas tou­jours le cas, mais bon). Le type qui attaque bille en tête tout édi­teur de logi­ciels ayant l’i­dée bizarre d’es­sayer d’en vivre, alors que lui-même vit en bonne par­tie des cachets qu’il touche pour les confé­rences aux­quelles il par­ti­cipe. Le type qui a déve­lop­pé pen­dant dix ans un sys­tème d’ex­ploi­ta­tion libre, mais non fonc­tion­nel, parce qu’il n’a­vait pas de ker­nel open source pour l’u­ti­li­ser, et qui consi­dère tou­jours que Linux n’est qu’une étape tran­si­toire dans l’his­toire de GNU et qu’on devrait plu­tôt bos­ser sur Hurd.

Bref, Stall­man bro­carde l’in­ven­teur de l’or­di­na­teur vu comme pri­son ; de la part du type qui a inven­té le logi­ciel libre vu comme secte, je trouve ça fort.