J. Edgar

de Clint Eastwood, 2011, **

Après une hagio­gra­phie de Mandela, Eastwood montre qu’il n’a pas peur du grand écart : il s’at­taque cette fois au por­trait d’un des plus gros fachos de l’his­toire des États-Unis, Hoover, l’homme qui don­na au bureau fédé­ral d’in­ves­ti­ga­tions sa puis­sance, sa noblesse… et ses coins sombres.

Donc, comme d’hab chez Eastwood (enfin, chez Tom Stern, son direc­teur pho­to atti­tré depuis dix ans), c’est gra­phi­que­ment très soi­gné, l’am­biance sombre du film et du per­son­nage étant bien ren­due par un éta­lon­nage conser­va­teur et désa­tu­ré. Comme d’hab chez Eastwood et DiCaprio, c’est extrê­me­ment bien joué, jus­qu’aux micro-expres­sions les plus fugaces, et il faut saluer l’in­croyable bou­lot de la longue équipe de maquilleurs, qui méri­te­raient un Oscar pour avoir pon­du des pro­thèses qui per­mettent aux acteurs une telle sou­plesse émotionnelle.

Mais.

Mais c’est juste aus­si froid que John Edgar Hoover lui-même. Aussi dépour­vu d’é­mo­tions, aus­si intro­ver­ti, aus­si contraint.

Du coup, c’est aus­si pas­sion­nant que John Edgar Hoover, un petit homme para­noïaque qui ne mérite que l’oubli.