S’efforcer de choisir les bons mots

La cita­tion que j’a­vais ratée du der­nier can­di­dat à l’é­lec­tion présidentielle :

J’ai com­mis des erreurs, mais je me suis tou­jours effor­cé d’être juste, d’être sin­cère et de don­ner tout ce que je pouvais.

Petit rap­pel : “s’ef­for­cer” signi­fie “mettre en œuvre toutes les capa­ci­tés, tous les moyens dont on dis­pose pour atteindre un but pré­cis, pour vaincre une résis­tance ou sur­mon­ter une dif­fi­cul­té”, selon le Tré­sor. Sar­ko­zy avoue donc avoir des dif­fi­cul­tés à être juste, sin­cère et appliqué…

Mais c’est plus puis­sant si l’on prend la défi­ni­tion du Larousse, plus proche d’ailleurs de l’ac­cep­tion cou­rante en France : “tendre toutes ses forces, ten­ter de faire quelque chose en employant tous les moyens dont on dis­pose, en fai­sant des efforts ; tâcher, essayer, tenter”.

Ici, le simple fait d’u­ti­li­ser ce verbe est un aveu d’é­chec : “je me suis effor­cé” veut dire “j’ai essayé de toutes mes forces” et sous-entend “sans succès”.

S’il avait employé “essayé”, il aurait pu pré­tendre qu’il allait faire mieux et réus­sir la pro­chaine fois ; mais avec “effor­cer”, il est clai­re­ment dit qu’il a déjà fait le maxi­mum et qu’il ne faut espé­rer aucune amé­lio­ra­tion. Pour un début de cam­pagne, ça sonne tout de suite comme un bon augure…

Le truc hila­rant, c’est qu’un des pre­miers conseils qu’on m’a don­nés lorsque je cher­chais un bou­lot était de ne jamais, au grand jamais, uti­li­ser ce verbe, jus­te­ment à cause de ce sous-enten­du d’é­chec récur­rent et iné­luc­table. Notre cher futur ex-pré­sident aurait dû cher­cher un emploi au moins une fois dans sa vie, les conseillers ANPE (main­te­nant Pôle emploi) ont par­fois des infor­ma­tions utiles.