Miss Bala

de Gerardo Naranjo, 2011, **

Il y a des films dont la bande-annonce fait envie. Parmi ceux-là, il existe deux grandes caté­go­ries : ceux qui tiennent leurs pro­messes ou vont au delà, et ceux dont les bons mor­ceaux sont dans les quatre-vingt-dix secondes déjà vues et qui s’a­vèrent tota­le­ment foireux.

Et puis, il y a la petite caté­go­rie, les films qui vous laissent l’im­pres­sion bizarre de tenir leurs pro­messes mais d’être de gros échecs quand même.

Miss Bala conte l’his­toire d’une can­di­date à un concours de beau­té dans la région de Tijuana. Tombée au milieu d’une fusillade entre tra­fi­quants, elle achète sa vie en offrant de menus ser­vices : elle pro­fite de sa liber­té de mou­ve­ments pour pas­ser des véhi­cules ou de l’argent d’une région à l’autre — jus­qu’aux États-Unis au besoin.

Et voi­là : Miss Bala est bien joué, soi­gneu­se­ment réa­li­sé et pro­fite d’un mon­tage assez ner­veux pour accrocher.

Mais.

Mais le scé­na­riste s’est per­du en route, tout sim­ple­ment. Comme disait Hannah : « je peux me trom­per, mais il semble par moments que vous n’a­vez pas fait de choix. Aucun. » Du coup, à l’his­toire déjà alam­bi­quée d’une top-model embar­quée par la mafia se mêlent des affaires de la DEA (les stups amé­ri­cains) et des ven­geances per­son­nelles, qui culminent avec l’as­saut contre un géné­ral appa­ru ex nihi­lo juste pour ame­ner une fin au film. Au pas­sage, cer­tains détails sont pas­sés à la trappe (tiens, le mes­sage n’est pas trans­mis en entier, on s’at­tend à ce que ça serve… Ben non.) et, de rebon­dis­se­ment en rebon­dis­se­ment, on ne com­prend plus rien à l’histoire.

Ajoutons quelques trucs tota­le­ment incom­pré­hen­sibles sur le plan psy­cho­lo­gique — ça com­mence avec des mafio­si qui ont deux otages et qui les libèrent comme ça hop, ça culmine avec une otage à qui on pro­pose la liber­té contre l’im­pos­si­bi­li­té de repas­ser à Tijuana et qui pré­fère reve­nir vers son tor­tion­naire pour se faire vio­ler… — et vous com­pren­drez pour­quoi, à la fin, les gens se regardent dans la salle l’air éba­his en se deman­dant ce que c’é­tait que ce bordel.

Dommage, car avec un scé­na­rio sous contrôle, il y avait de quoi faire un très, très bon polar.