Ratatouille

de Brad Bird, 2007, ****

Le plai­sir de man­ger, vous connais­sez ? Remy aus­si. Il aime assai­son­ner les plats, trou­ver les accords par­faits d’a­rômes, et savou­rer la nour­ri­ture pour le plai­sir des papilles, au contraire du reste de sa famille, qui bâfre n’im­porte quoi pour se rem­plir le bide et faire du gras. Mais Remy n’est pas le bien­ve­nu dans une cui­sine, sous pré­texte qu’il a quatre pattes, une queue et des poils bleus, comme la plu­part des rats pari­siens. Linguini, lui, est plus doué pour avoir l’air humain : il a bien deux bras, deux jambes et une tête, et peut ren­trer en cui­sine ; en revanche, il est mal­adroit, gaf­feur et inca­pable de faire cuire des pâtes. Associer le talent de l’un et l’ap­pa­rence de l’autre, c’est donc la solu­tion étrange pour réus­sir la soupe…

Les gens de Pixar doivent être des êtres étranges eux-mêmes. En tout cas, la plu­part leurs pro­duc­tions le sont : impec­ca­ble­ment ani­mées, cise­lées au scé­na­rio comme à la réa­li­sa­tion, ryth­mées et hila­rantes, leurs his­toires ont qua­si­ment tou­jours quelque chose de par­ti­cu­lier (oui oui, même Toy sto­ry, sur lequel je ne taris pas de cri­tiques acerbes), et il y a une atten­tion aux petits détails lou­foques digne d’admiration.

Ratatouille est tout ça à la fois : amu­sant, déjan­té, sur­pre­nant, ori­gi­nal, exci­tant par moments et par­fois même émou­vant, c’est ter­ri­ble­ment réus­si. C’est aus­si éton­nam­ment réa­liste dans son délire, évi­tant cer­tains retour­ne­ments atten­dus — non, les cuis­tots n’aiment pas les rats, même quand on leur explique — et pas­sant à côté du hap­py end idiot que l’on aurait pu attendre.

Finalement, quoique j’aie dit ces trente der­nières années, la rata­touille, ça peut être bon. Faut juste la regar­der, pas la manger.