Tout non-élu devra partir…

Dans la vie, il faut être cohé­rent. Par exemple, si je pour­ris une bande de cré­tins de droite pour s’être tor­chés avec la sépa­ra­tion des pou­voirs, et bien, une bande de cré­tins de gauche qui fait la même chose doit avoir droit au même traitement.

Peut-être juste un poil plus agres­sif, parce qu’on est plus faci­le­ment déçu par ses proches que par ses adversaires.

Donc, voi­là :

Tout ministre qui se pré­sente aux élec­tions légis­la­tives et qui ne sera pas élu ne pour­ra pas res­ter au gouvernement.

C’est l’hor­reur que Jean-Marc Ayrault, pre­mier ministre, a sor­tie hier sur France 2.

Or :

Il n’est pas bon que celui qui fait les lois les exécute.

C’est ce qu’é­cri­vait Rous­seau, il y a déjà quelques siècles.

La réac­tion cor­recte, c’est que tout ministre qui se pré­sente aux légis­la­tives et est élu devrait sau­ter. L’ha­bi­tude qu’on a prise de voir les lois pré­sen­tées par les ministres est déjà gênante, mais exi­ger ain­si qu’une même per­sonne soit ancrée à la fois dans le légis­la­tif et dans l’exé­cu­tif est une mons­truo­si­té sans borne, pour qui­conque veut des ins­ti­tu­tions exem­plaires en tout cas.

Acces­soi­re­ment, on nous parle avec obs­ti­na­tion de non-cumul des man­dats, et dit ici que ceux qui ten­te­ront de cumu­ler et ne réus­si­ront pas seront virés. Non mais fran­che­ment, c’est quoi ces conne­ries ? C’est pas plu­tôt ceux qui ten­te­ront de cumu­ler qu’il faut éjec­ter, qu’ils réus­sissent ou pas ?

Pour ma part, c’est assez simple :

Prin­cipe numé­ro 1 : on ne peut, en aucun cas, exer­cer simul­ta­né­ment une charge légis­la­tive (dépu­té, séna­teur ou conseiller consti­tu­tion­nel¹) et une charge exé­cu­tive (pré­sident, ministre ou secré­taire d’É­tat, conseiller muni­ci­pal, géné­ral ou régio­nal etc.).

Prin­cipe numé­ro 2 : quand on a un emploi à plein temps au ser­vice de l’É­tat (dans le pri­vé, c’est à l’employeur de voir ce qu’il veut accep­ter ou non de ses employés), on n’en prend pas un deuxième. Ministre, c’est un emploi à plein temps, et nous payons des salaires à nos ministres pour qu’il soient à plein temps concen­trés sur leur tâche de ministre. Même chose pour un dépu­té, un maire de grosse com­mune, etc. Lorsque quel­qu’un prend ce poste mais n’est fina­le­ment ministre qu’à temps par­tiel parce qu’il conserve d’autres acti­vi­tés, il n’as­sume pas la res­pon­sa­bi­li­té que nous lui avons confiée et, consé­quem­ment, doit dégager.

¹ Le Conseil consti­tu­tion­nel est, en prin­cipe, garant des ins­ti­tu­tions et au des­sus des pou­voirs, comme la Consti­tu­tion est supé­rieure aux lois. Cepen­dant, sa tâche pre­mière est de véri­fier la confor­mi­té des lois à la Consti­tu­tion, ce qui le range pour moi dans la branche légis­la­tive. Ça reste évi­dem­ment discutable.