Useless

Putain de Dieu, j’en peux plus.

C’est quoi, cette mode à la con qui inonde les milieux bobos-chics-créa, depuis quelques mois, de dire “use­less” à tout bout de champ ?

Non mais sérieux, ça vous écor­che­rait la gueule de dire “inutile” ?

Je veux dire, bon, je com­prends qu’on uti­lise des angli­cismes quand on n’a pas de mot qui recouvre le même sens en fran­çais, comme quand la dis­tri­bu­tion fran­çaise de A his­to­ry of vio­lence a expli­qué qu’à la tra­duc­tion, on per­drait for­cé­ment l’as­tuce du titre (qui peut par­ler à la fois du pas­sé violent du héros ou de la vio­lence du scé­na­rio). Ça m’ar­rive même par­fois (j’ai ten­dance à dire “accu­rate” quand j’ar­rive pas à choi­sir entre “pré­cis”, “fidèle” et “exact”, mes excuses).

Je peux com­prendre, même si je désap­prouve for­mel­le­ment, quand le mot fran­çais est infi­ni­ment plus com­pli­qué que le terme anglais.

Mais là, franchement…

Use­less. /jʊ.zɜ.lɛs/

Inutile. /i.ny.t̪il/

Trois syl­labes dans chaque cas. Mais quatre consonnes (dont une spi­rante) et trois voyelles dif­fé­rentes en anglais, trois consonnes et deux voyelles en fran­çais (et toutes les voyelles sont des anté­rieures fer­mées, pas besoin de bala­der la langue pour y arri­ver). Et je ne vois pas une phrase où “use­less” serait tra­duit par autre chose que “inutile”.

Alors, tous les cré­tins qui sortent du “use­less” à toutes les phrases, répé­tez après moi : “dire ‘use­less’ est inutile”. Ou alors, pré­pa­rez-vous à prendre des baffes — ça sera pas inutile : ça me détendra.