Charbonnière granivore

Je viens de voir une publi­ci­té pour je ne sais quel beurre en boîte à tar­ti­ner plein d’O­mé­ga 3.

Avec, en guest star, un “expert en graines”, à savoir une mésange char­bon­nière en images de synthèse.

Alors, mon­sieur le publi­ciste, j’ai juste un petit détail à vous faire noter : les mésanges ne sont pas essen­tiel­le­ment gra­ni­vores. Elles mangent des graines, un peu, régu­liè­re­ment, mais leur régime est par­ti­cu­liè­re­ment varié et va des insectes aux fruits et baies.

Et quand elles ont le choix entre des graines et un gros mor­ceau de lard bien gras, comme c’est le cas six mois par an chez mes parents (gras de jam­bon et miettes finissent avec les graines sur la ter­rasse, ce qui per­met de faire des pho­tos et d’a­voir un truc plus intel­li­gent que la télé à regar­der), et bien devi­nez quoi… Elles bouffent les deux, mais se jettent volon­tiers sur le gras. Elles sont donc au moins autant expertes en gas­tro­no­mie fran­çaise qu’en graines.

D’ailleurs, mon­sieur le publi­ciste, jetez un œil au bec d’une mésange. Vous remar­quez quelque chose ? Il est fin, fixé en bas du front, idéal pour per­fo­rer ou piquer — et donc par­fait pour gri­gno­ter des insectes, des vers, des choses comme ça, ou encore des fruits mûrs.

Main­te­nant, regar­dez le bec d’un vrai gra­ni­vore, comme un per­ro­quet, un gros-bec, un char­don­ne­ret, un ver­dier ou autre. Vous voyez un truc ? Oui, il est ancré presque jus­qu’au som­met du crâne, beau­coup plus épais que sur une mésange. Ah oui, parce qu’une graine, ça a une coque, qu’il faut cas­ser pour accé­der à la par­tie comes­tible, donc il faut un bec puissant.

Le bec fin de la mésange ne lui per­met de bouf­fer que des graines rela­ti­ve­ment petites ou fra­giles, comme nos molaires ridi­cules et nos sucs gas­triques pathé­tiques ne nous per­mettent de man­ger que des végé­taux très digestes ou pré-mâchés (alias “cuits”). Et la mésange est autant experte en graines que nous en herbes : on peut en man­ger, on en mange même de temps en temps pour la plu­part d’entre nous, mais c’est pas ce qui nous nour­rit le mieux et c’est pas for­cé­ment le truc vers lequel on va se diri­ger en priorité.