Inside Llewin Davis

de Ethan et Joel Coen, 2013, ****

Vous aimez les années 60 ? Vous aimez la folk music ? Vous aimez les anti-héros ? Vous ris­quez d’ai­mer Inside Llewin Davis, his­toire dépri­mante et appa­rem­ment sans issue d’un grat­teur de gui­tare qui envi­sage la vie comme une boule de flip­per : bal­lot­té d’un côté à l’autre en se don­nant l’illu­sion qu’on a les choses en mains, mais en refu­sant obs­ti­né­ment de faire quelque chose lorsque vient le moment de prendre une vraie décision.

Au-delà du côté « musi­cien mau­dit » un peu clas­sique, on a sur­tout une très jolie mise en scène de l’i­nac­tion, de la pas­si­vi­té, du refus de l’en­ga­ge­ment et des res­pon­sa­bi­li­tés : Llewin est un petit enfant dans un corps d’a­dulte, qui se défausse à chaque occa­sion — qu’il s’a­gisse de retrou­ver une ex qu’il a quit­tée enceinte, de trou­ver un vrai tra­vail ou sim­ple­ment de s’oc­cu­per d’un chat — sans pour autant renon­cer à don­ner des leçons à son pro­chain. Pas vrai­ment sym­pa­thique, fran­che­ment pathé­tique, il donne sérieu­se­ment envie de lui bot­ter le cul et ce sont fina­le­ment les per­sonnes qui l’en­tourent qui viennent appor­ter une huma­ni­té au film, for­mant une gale­rie de por­traits variés de gens sou­vent eux-mêmes un peu paumés.

À l’ha­bi­tude des Coen, c’est très bien joué, bien mon­té, super­be­ment pho­to­gra­phié. Et à leur habi­tude, c’est féroce, même si c’est ici mas­qué par un dehors gen­tillet de petit bon­homme inadap­té qui avance (ou pas) au hasard de la vie.