Tel père, tel fils

de Hirokazu Koreeda, 2013, ****

Me deman­dez pas pour­quoi j’a­vais pas encore vu celui-là, alors que j’ai appré­cié tous les Koreeda vus à ce jour (depuis la baffe que fut Daremo shi­ra­nai¹). Peut-être parce que Kūki nin­gyō était un poil déce­vant, peut-être parce que j’é­tais plu­tôt d’hu­meur à voir du gros truc bien bour­rin, je sais pas. Enfin bon, ayé, c’est fait.

Koreeda est une des étoiles du ciné­ma huma­niste, trou­vant sou­vent un équi­libre sub­til entre rire et larmes. Tel père, tel fils res­semble énor­mé­ment à La vie est un long fleuve tran­quille, mais là où Chatillez tour­nait sys­té­ma­ti­que­ment à la déri­sion, Koreeda choi­sit une tona­li­té dra­ma­tique. L’opposition entre les deux familles, le rôle cen­tral du père qui réus­sit et le contraste avec le père qui s’oc­cupe de ses enfants, le rap­port entre père et grand-père, mais aus­si la construc­tion des mères dif­fé­rentes quoique fina­le­ment assez sem­blables, tout est là pour inter­ro­ger la nature même du fait d’être parent ; et que l’on ait des enfants ou pas, ça fait réflé­chir à la façon dont on se construit et à sa propre concep­tion de la famille.

Ça n’est pas lourd ni lar­moyant pour autant, Koreeda s’at­ta­chant à pla­cer quelques scènes hila­rantes — par la situa­tion, par les dia­logues, ou par les non-dia­logues par­fois. Certains pas­sages sont pétris de poé­sie, d’autres sont d’une légè­re­té exem­plaire, mais c’est tou­jours juste et bien écrit. En fait, mal­gré quelques inéga­li­tés dans le mon­tage, le meilleur qua­li­fi­ca­tif pour le film serait plu­tôt « touchant ».

Et au pas­sage, on a enfin tra­duit le titre d’un film de Koreeda. Merci.

¹ Tant qu’à avoir un titre étran­ger, autant le prendre en VO — il est réfé­ren­cé chez nous comme « Nobody knows ».