Transbordeur, suite

Hier, Libé­ra­tion publiait sans la réécrire une dépêche AFP. Celle-ci était enta­chée d’une erreur, répé­tée quatre fois :

transbordeur_bis(Cap­ture d’é­cran de l’ar­ticle du site de Libé­ra­tion)

Cette confu­sion entre trans­bor­deur et trans­pon­deur a fait l’ob­jet d’un billet ici même, dont j’ai repris un extrait pour faire rigo­ler les lec­teurs de Libé (cf. sous l’ar­ticle, com­men­taire publié à 21:28).

Ce matin, un autre com­men­ta­teur avait répondu :

@fran­ck­mee  … faut pas acca­bler le p’ tit gars d’ AFP qui a confon­du trans­bor­deur et trans­pon­deur, il a déjà du mal à écrire sans fautes d’ orthographe.

(xiian, à 8:17)

J’ai donc à mon tour pré­ci­sé ma pensée :

@xiian Ah mais j’ac­cable pas le p’tit gars d’l’AFP. Lui, il a fait son taf : four­nir le plus vite pos­sible un docu­ment brut, sour­cé mais pas vrai­ment véri­fié, sus­cep­tible de ser­vir de matière pre­mière à un tra­vail journalistique.

J’ac­cable plu­tôt Libe­ra­tion qui, au lieu de faire son bou­lot (prendre les dépêches inté­res­santes, les véri­fier, les creu­ser, les ana­ly­ser, les “axer” et faire un article intel­li­gent), a copié-col­lé une dépêche sans même la relire.

Je pré­cise à toutes fins utiles que je suis jour­na­liste (dans la presse hi-tech), que je me suis tou­jours cas­sé le c* à essayer de déga­ger une info dans n’im­porte quel com­mu­ni­qué de presse, et que du coup je suis par­ti­cu­liè­re­ment aga­cé par ceux qui pro­clament “nous sommes un jour­nal”, se plaignent de la chute des ventes et des audiences, et laissent pas­ser des trucs aus­si énormes.

Le pire, c’est que les mes­sages sont modé­rés, donc lus, et qu’on doit être une dizaine à avoir signa­lé l’er­reur depuis hier, et qu’elle n’a tou­jours pas été corrigée.

Elle est où, la plus-value de la “marque” Libé, là ?

Je m’a­per­çois ce soir que ce com­men­taire-ci n’a pas pas­sé la modé­ra­tion : il n’est pas publié, et ce n’est pas moi qui l’ai supprimé.

En revanche, le fameux “trans­bor­deur” est tou­jours là, fidèle au poste, sans que rien n’in­dique à l’heure où j’é­cris qu’une cor­rec­tion soit envisagée.

Mon opi­nion, c’est que cela reflète la bien piètre opi­nion que Libé­ra­tion a de son devoir d’in­for­mer : de nom­breux mes­sages, modé­rés donc lus, ont atti­ré l’at­ten­tion du jour­nal sur l’er­reur qui s’est glis­sée dans ses colonnes, mais celle-ci n’a tou­jours fait l’ob­jet d’au­cune rec­ti­fi­ca­tion. L’ar­gu­ment du repos domi­ni­cal ne tient pas : il y a bien des publi­ca­tions sur le site de Libé aujourd’­hui, et les com­men­taires des lec­teurs sont bien modé­rés acti­ve­ment, ce qui sup­pose que cer­tains soient en train de travailler.

Faire une erreur, ça arrive à tout le monde, c’est pas dra­ma­tique. En revanche, refu­ser de la cor­ri­ger alors qu’on a du per­son­nel en train de bos­ser, c’est pro­pre­ment inac­cep­table. Une fois n’est pas cou­tume, je vais vous citer la charte de Munich, qui sert un peu de Bible aux jour­na­listes même si elle n’a pas de valeur légale (comme la Bible, du reste) :

Les devoirs essen­tiels du jour­na­liste, dans la recherche, la rédac­tion et le com­men­taire des évé­ne­ments, sont : […]

6) rec­ti­fier toute infor­ma­tion publiée qui se révèle inexacte.

Là, on est en plein dedans. Vu que la charte de Munich, c’est un peu le B.A.-BA du jour­na­lisme, l’ab­sence de cor­rec­tion mal­gré les nom­breuses remarques le dit clai­re­ment : Libé­ra­tion n’est pas un journal.