Les combattants

de Thomas Cailley, 2013, ****

Elle est prête. Prête à tout. Prête à cou­rir, à nager, à esqui­ver les pré­da­teurs ; à com­battre jus­qu’au der­nier souffle pour ne pas se lais­ser bouf­fer ; à pié­ger, étri­per, man­ger ce qu’elle trouve ; à sur­vivre seule, sans comp­ter sur per­sonne, parce qu’a­près la grande catas­trophe qui vien­dra for­cé­ment un jour il ne res­te­ra per­sonne sur qui compter.

Il n’est prêt à rien. Pas vrai­ment prêt à bos­ser, à assu­mer des res­pon­sa­bi­li­tés, à être auto­nome. Pas prêt à arrê­ter de boire des bières avec ses potes et dra­guer les filles sur la plage. Pas prêt à anti­ci­per les choses ou à réflé­chir à où va le monde.

Finalement, le seul truc pour lequel il est vague­ment prêt, c’est tom­ber amou­reux d’elle. Et c’est peut-être le seul truc pour lequel elle ne s’est pas du tout préparée.

En fait, Les com­bat­tants, c’est Oui-Oui au pays de Tyler Durden. C’est une bluette de boxe, ou une baffe sen­ti­men­tale, je sais pas. C’est bru­ta­le­ment doux, ten­dre­ment froid. C’est pas évident à racon­ter parce que, objec­ti­ve­ment, il ne se passe pas grand-chose, mais l’é­change entre les deux per­son­nages, leur rela­tion radi­ca­le­ment oppo­sée au monde, leurs dia­logues niais vs cynique, gen­til vs trash, mais aus­si par­fois déci­dé vs farouche, tout cela forme un petit moment d’é­mo­tion et de fraî­cheur, un film déjan­té qui a le bon goût de ne pas se prendre pour une œuvre majeure mais qui touche mine de rien à plein de bonnes choses.

Sinon, remarque en pas­sant : il y a plein de films qu’on cri­tique comme mili­ta­ristes parce que les héros sont mili­taires, quand bien même l’ar­mée y serait pré­sen­tée comme mani­pu­la­trice, men­teuse ou désor­ga­ni­sée (Les che­va­liers du ciel ou Du sang et des larmes par exemple). Ici, l’ar­mée est une orga­ni­sa­tion plu­tôt saine et paci­fique, qui peut ensei­gner la sur­vie et l’es­prit d’é­quipe et sert sur­tout à secou­rir des popu­la­tions, mais per­sonne ne le taxe de mili­ta­risme. Étonnant, non ?