Si je reste

de R.J. Cutler, 2014, ***

L’histoire d’une jeune fille acci­den­tée, dont le corps est dans le coma et dont l’es­prit se pro­mène dans l’hô­pi­tal en voyant soi­gnants, amis, famille réagir, tout en revi­vant sa vie et en se deman­dant si elle doit rejoindre son corps et conti­nuer ou se lais­ser par­tir. Sur le papier, ça a tout du mélo siru­peux lour­dingue ; ça tient pour­tant plu­tôt bien, d’a­bord parce que Chloë Moretz assure vrai­ment pas mal (faut qu’elle fasse gaffe à un ou deux tics qu’elle a déve­lop­pés depuis Hugo Cabret, mais elle pour­rait deve­nir une grande actrice), ensuite parce que ce patch­work un peu bor­dé­lique est un joli por­trait d’une famille plu­tôt rock’n’­roll dont l’aî­née joue du Beethoven au violoncelle.

Cela étant, ce petit film plein de charme a une grosse fai­blesse : après une heure et demie légère, drôle, émou­vante, triste, bref bien, le der­nier quart d’heure en fait des tonnes. Et pour un truc qui passe vrai­ment (le dis­cours du grand-père donne un nou­vel éclai­rage au per­son­nage du père, tout en appor­tant une vraie émo­tion natu­relle), il y en a dix qui sonnent faux, arti­fi­ciels et « t’as vu comme c’est émou­vant là hein t’as vu ».

Du coup, on sent venir le hap­py end un peu abu­sif, qui est sans doute là parce qu’une étude de mar­ché a dit qu’il ne fal­lait pas dépri­mer les ados et jeunes adultes qui lisent des livres ou voient des films — même quand toute l’his­toire semble mener vers une fin différente.