Nouveau nom

Je viens d’en­ten­dre sur France 3 un dossier sur les change­ments de noms des par­tis poli­tiques. Celui-ci indique que si, à gauche, le prin­ci­pal par­ti n’a pas changé de nom depuis que la SFIO est dev­enue le PS, à droite, on a sou­vent renom­mé le par­ti prin­ci­pal. Et de citer le dernier exem­ple en date : le pas­sage du RPR à l’UMP.

Je m’in­surge.

L’Union pour une majorité prési­den­tielle était une éti­quette élec­torale regroupant tous les par­tis qui souhaitaient éviter une cohab­i­ta­tion au prési­dent fraîche­ment élu.

L’U­nion pour un mou­ve­ment pop­u­laire est le résul­tat de l’as­sim­i­la­tion, quelques mois plus tard, de la plu­part des par­tis con­cernés : Rassem­ble­ment pour la République bien sûr, mais aus­si Démoc­ra­tie libérale, le Par­ti rad­i­cal et un bon lot d’é­vadés de l’U­nion pour la démoc­ra­tie française (qui res­ta indépen­dante, mais exsangue). L’UMP réu­nit donc des ten­dances pro­fondé­ment dif­férentes, avec en par­ti­c­uli­er deux noy­aux assez vis­cérale­ment incom­pat­i­bles : les gaullistes, attachés à un cer­tain inter­ven­tion­nisme économique, à un État fort aux com­pé­tences assez larges, et méfi­ants à l’é­gard des ensem­bles supra­na­tionaux figés (Otan ou Union européenne) ; et les libéraux, attachés au libre-échange, à un État réduit à ses fonc­tions régali­ennes, et assez large­ment atlantistes.

La fon­da­tion de l’UMP n’est donc pas com­pa­ra­ble à celle du Par­ti social­iste. Créé sur les ruines de la Sec­tion française de l’In­ter­na­tionale ouvrière, il réu­nis­sait pour l’essen­tiel des gens issus de celle-ci, qui se con­nais­saient, avaient l’habi­tude de vivre ensem­ble et partageaient un cor­pus idéologique réel — et qui avaient besoin de chang­er de nom surtout pour mar­quer un nou­veau départ.

L’UMP est un assem­blage élec­toral­iste, dépourvu de cohérence his­torique et idéologique. Fon­da­men­tale­ment, sur beau­coup de ques­tions, Jup­pé et Le Maire sont plus proches de Hol­lande et Bay­rou que de Deved­jian et Mari­ton. Ces dif­férences se font fatale­ment enten­dre, au point que l’on repar­le tous les six mois d’une éventuelle explo­sion du parti.

Bref, si le RPR était surtout un change­ment de façade de l’U­DR, l’UMP est tout, sauf un renom­mage du RPR, et c’est une erreur his­torique que de la présen­ter ainsi.

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