Souvenirs de Marnie

de Hiromasa Yonebayashi, 2014, ****

Attirée par une vil­la aban­don­née dans les marais, Anna y ren­contre Marnie. Anna est une fille adop­tive plu­tôt triste et ren­fer­mée, a été envoyée à la cam­pagne soi­gner son asthme et vit chez un couple popu­laire et dépa­reillé ; Marnie est la fille unique de dan­dys aisés qui donnent des récep­tions comme si les années folles ne s’é­taient jamais ter­mi­nées, elle vit avec une pré­cep­trice et deux ser­vantes et elle aime se pro­me­ner sur le lac dans sa barque.

Marnie_nuit

On retrouve ici les thé­ma­tiques chères au ciné­ma japo­nais et par­ti­cu­liè­re­ment aux stu­dios Ghibli : les enfants mélan­co­liques, les allers-et-retours entre réa­li­té et fan­tasme, la nature qui per­met aux malades de se res­sour­cer, et les pay­sages poé­tiques. Sans sur­prise, Souvenirs de Marnie est éga­le­ment une œuvre ini­tia­tique, comme beau­coup d’his­toires miyazakesques.

Cependant, après un tech­ni­que­ment réus­si mais un peu enfan­tin Arietty et le petit monde des cha­par­deurs, l’é­quipe de Yonebayashi a sérieu­se­ment haus­sé son jeu pour four­nir un film plus adulte, plus mélan­co­lique peut-être, mais aus­si beau­coup mieux écrit et bien plus humain que le pré­cé­dent opus. On y rit moins, il y a fina­le­ment assez peu d’ac­tion, mais les per­son­nages ont une per­son­na­li­té, une his­toire, une construc­tion, et du coup une « réa­li­té » et une capa­ci­té à émouvoir.

L’animation est tou­jours très réus­sie et les gra­phismes sont évi­dem­ment d’une beau­té hal­lu­ci­nante. Le rythme bien géré aide à main­te­nir des ambiances suc­ces­sives pre­nantes et trou­blantes, de même que l’al­ter­nance entre réa­li­té brute (mais pas exempte de poé­sie) et splen­deur fan­tas­mée (mais pas exempte de déception).

On ne passe pas à côté de quelques effets de manche un peu faciles et de détails un peu bour­rins (aaaah, la gamine des nou­veaux occu­pants…), mais Souvenirs de Marnie est un beau moment d’é­mo­tion, très réus­si et agréable.