London Boulevard

de William Monahan, 2010, ****

Allons bon, encore une his­toire de petit délin­quant qui sort de taule, veut se ran­ger, tombe vague­ment amou­reux mais doit encore régler ses comptes avec ses ex-employeurs, peut-on dire à pre­mière vue…

Oui, à pre­mière vue, London Boulevard est d’une effa­rante bana­li­té. Il a pour­tant trois énormes qua­li­tés. La pre­mière, c’est Colin Farrell (je crois que celui-là, si j’é­tais homo, j’i­rais le deman­der en mariage : il a de la chance que je pré­fère Natalie, Catherine ou Michelle), impec­cable à son ordi­naire dans son énième rôle de petit délin­quant à la morale dou­teuse. La seconde, c’est David Thewlis, extra­or­di­naire en acteur et pro­duc­teur raté, pré­cieux, bla­sé et vague­ment neu­ras­thé­nique, espèce de dan­dy qu’on ne serait pas sur­pris de voir débar­quer dans la rue en robe de chambre mais qui se révèle dans l’ad­ver­si­té… hum, je peux vrai­ment pas en dire plus, il se révèle, voi­là. La troi­sième, c’est Keira Knightley, excel­lente en actrice pour­sui­vie de papa­raz­zi jus­qu’à la claus­tro­pho­bie, qui embauche l’ex-tau­lard pour entre­te­nir sa vil­la et éven­tuel­le­ment éjec­ter les por­teurs d’ap­pa­reils photo.

De bons acteurs pour cam­per de bons per­son­nages, c’est un bon départ, mais ce n’est pas suf­fi­sant. La trame glo­bale étant connue, il faut se concen­trer sur les petits détails. L’agressivité des papa­raz­zi reflète ain­si celle des voyous, et cer­tains pas­sages obli­gés du genre sont retour­nés habi­le­ment (ça vous appren­dra à épar­gner un enne­mi, tiens…) tan­dis que l’his­toire elle-même, d’une cer­taine manière, se noir­cit et s’é­clair­cit simul­ta­né­ment, si bien qu’on ne sait jus­qu’à la der­nière seconde si l’on aura un hap­py end ou pas.

D’ailleurs, même après la der­nière seconde, j’ai encore un doute.

Du coup, ce petit film anglais pas extra­or­di­naire sur le papier est une excel­lente sur­prise, pre­nante et réus­sie mal­gré une réa­li­sa­tion banale au rythme inégal.