Minuit à Paris

de Woody Allen, 2011, ***

Comment accu­mu­ler sur Paris tous les cli­chés rebat­tus de la ville ? C’est simple : adap­tez Mon bis­trot pré­fé­ré, vu par le prisme de Woody Allen, pari­sia­no­phile convain­cu, pas­sion­né de lit­té­ra­ture et de pein­ture, et qui fait ici un hom­mage vibrant à la ville et à ceux qui l’ont peu­plée à l’é­poque où…

L’exercice est sou­vent amu­sant, les ver­sions fan­tas­mées de Hemingway, Picasso ou Dali étant par­ti­cu­liè­re­ment gra­ti­nées, mais à la longue assez vain. L’histoire qui sert de pré­texte à lier ces fan­tai­sies est banale et par­fois cari­ca­tu­rale — y’a même un pas­sage de pur Vaudeville à portes qui claquent avec boucles d’o­reilles —, por­tée par des acteurs inégaux (Wilson des fois oui, des fois non, McAdams bien mais sans plus, Pill admi­rable et sublime, Cotillard sans inté­rêt, Seydoux tou­jours aus­si cra­quante, Stoll splen­dide et gran­diose, Bruni trans­pa­rente, Bates excel­lente) et un rythme aléatoire.

De l’en­semble se dégage une nos­tal­gie sur­an­née et un charme cer­tain, et nul doute que les gens sen­sibles au charme de Paris la nuit sous la pluie ado­re­ront ce film. Mais j’ai un pro­blème : Paris la nuit sous la pluie, c’est moins pire que Paris de jour, mais ça reste Paris. C’est une ville où je peux aimer rac­com­pa­gner quel­qu’un, ou je peux mar­cher des heures pour me détendre, mais à laquelle je ne trouve pas de charme en soi.

Du coup, l’es­sen­tiel de la « magie » du film me laisse froid comme la truffe d’un chien bien portant.