Hôtel Woodstock

de Ang Lee, 2009, ****

Bon fils, Elliott quitte Greenwich Village pour pas­ser l’é­té 69 chez ses parents, gérants d’un motel déla­bré à Bethel, New York. Alors que la banque veut sai­sir l’é­ta­blis­se­ment, il apprend qu’un fes­ti­val musi­cal pré­vu pour la mi-août a été inter­dit par les habi­tants de Wallkill. Il appelle les orga­ni­sa­teurs, qui vont trou­ver sur les terres de son voi­sin Max Yasgur l’en­droit idéal pour accueillir 50 000 spec­ta­teurs sur trois jours. Le motel devient le centre névral­gique de l’or­ga­ni­sa­tion, qui a trois semaines pour mon­ter un fes­ti­val… qui devien­dra rapi­de­ment et pour (au moins) qua­rante ans la réfé­rence uni­ver­selle des concerts de rock.

Il y a une ombre qui plane, omni­pré­sente, autour de cet Hôtel Woodstock. Celle de Woodstock, docu­men­taire de Michael Wadleigh sor­ti en 1970, dont Ang Lee a sans doute décor­ti­qué chaque plan pour caser une belle série de clins d’œil dans son propre film. Dès le géné­rique, et un peu plus tard, on retrouve par exemple le mon­tagne simul­ta­né de plu­sieurs images, les varia­tions de for­mat (car­ré, 1.33, 1.85 selon les besoins) qui avaient fait remar­quer un jeune chef mon­teur nom­mé Martin Scorsese. Certains dia­logues sont rigou­reu­se­ment repris du docu­men­taire, les scènes étant fidè­le­ment recons­ti­tuées pour les inté­grer sous un angle différent.

Cependant, Ang Lee ne se laisse pas bouf­fer par les réfé­rences. Il déroule sa propre his­toire, paral­lèle et en marge du fes­ti­val, une his­toire de famille, de rêve, de dés­illu­sion, de fidé­li­té ou d’é­du­ca­tion, une his­toire de liber­té en somme. Les rela­tions d’Elliott avec ses parents, et de ses parents avec lui, sont décor­ti­quées tout en finesse, le Viêt-Nam et ses consé­quences sont bien sûr pré­sents, bref, Ang Lee se concentre sur le fac­teur humain — à cent lieues de Brokeback moun­tain, mais avec tou­jours la même pas­sion pour ses personnages.

In fine, c’est un petit bijou d’hu­mour, de cari­ca­ture, de docu­men­taire, avec bien enten­du une bande son à tom­ber, qui nous est pro­po­sé là. Après Good mor­ning, England, 2009 aura été un bon crû pour le cinoche musical.